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Le golf est présent dans nos dramas préférés ou dans les rues de Séoul. Au même titre que les karaokés (노래방), on peut entrevoir des practices1 virtuels. Dans le pays du Taekwondo (태권도), du tir à l’arc (궁술) ou encore de la lutte coréenne traditionnelle le « ssireum » (씨름), on s’attend moins à l’engouement des coréens pour le baseball, le skateboard en Corée du Sud ou encore le golf, phénomène qui nous intéresse ici.
La Corée du Sud est la 3ème nation de golfeurs au monde après les Etat-Unis et le Japon voisin. C’est vrai, ça peut surprendre mais 10% de la population est joueur et c’est un chiffre en pleine croissance ces dernières années. Ainsi le nombre de parcours a doublé depuis les années 2000 et devrait atteindre 600 parcours de 18 trous d’ici 2025. Pour vous donner une idée, en France ils sont au nombre de 428. Pour une superficie 5 fois plus importante que la Corée du Sud.
D’où vient cette ferveur des sud coréens
pour le green ?
En effet nous allons voir comment ce sport venu d’occident, s’est immiscé dans la société coréenne.Mais plus que cela, nous allons plonger dans l’âme du peuple sud-coréen pour comprendre d’où vient cette ferveur inextinguible pour le green.
Le golf, souvent perçu comme un jeu élitaire, a connu une transformation étonnante en Corée du Sud, devenant un phénomène culturel et sportif qui transcende les frontières sociales. Pour comprendre cette passion dévorante, il faut explorer les racines historiques du golf en Corée du Sud et comment il est devenu bien plus qu’un simple sport, mais un symbole de détermination et de succès dans ce pays dynamique et en constante évolution.
Tout d’abord, un peu d’histoire
Ce sport est originaire des Pays-Bas au XIIIème siècle et se développe en Ecosse à la fin du XVIIIème siècle. La discipline connait un essor avec la révolution industrielle au XIXème siècle aux Etats-Unis, qui devient une nation de golf et se propage au reste du monde après la seconde guerre mondiale. Introduit en Corée du sud par un groupe d’anglais employés par l’organisation coréenne des affaires maritimes. Ils avaient construit un parcours de fortune de 6 trous à côté du bureau des douanes coréennes. Aujourd’hui, ils sont 6 millions de sud coréens à le pratiquer selon les chiffres publiés par l’association sud coréennes de golf en 2018, derrière les Etats-Unis 26 millions et le Japon 10 millions.
Un événement a bouleversé la pratique du golf en Corée du sud

En 1998, alors qu’elle était la seule coréenne dans le top 100 de la LPGA (Ladies Professional Golf Association) SE RI PARK (박세리) a ému sa nation par sa détermination. Elle était alors dans sa première année sur le circuit LPGA. En pleine partie alors que sa balle s’est logée sur le versant d’un plan d’eau difficile d’accès. C’est avec calme et détermination qu’elle va se déchausser, ce qui laissera voir la différence frappante entre la blancheur de ses pieds et le cuivré de ses jambes, et va se positionner dans l’eau du petit étang afin de continuer la partie, et de la remporter.
Ce geste a bouleversé la nation coréenne, et a suscité des milliers de vocations. Le golf coréen a alors éclaté. Dix ans après cet exploit, elles étaient 45 dans le classement des 100 meilleures joueuses LPGA et la plus grande source de revenus de la LPGA était les droits de la télévision en Corée du sud.
Cette année là SÉ RI PARK (박세리) a remporté deux Majeurs, la LPGA Championship et l’US Open. Les coréennes ont alors révolutionné le golf féminin. En ce moment même c’est une coréenne qui occupe la première place. Elles sont trente dans les 100 premières.
Chez les femmes une domination asiatique
Ces dernières années émergent également des championnes Chinoises ou Thaïlandaises. Provoquant une domination asiatique écrasante dans le top 100 LPGA, dont les revenus font tourner la tête.
Selon le magazine « FORBES » Minjee LEE, (Australienne comme son nom ne l’indique pas) est la golfeuse la mieux payée en 2022 avec 7,3 millions de dollars dont 4,8 millions de revenus sportifs (le reste étant des contrats avec les sponsors). Dans son cas, ils sont coréens: la HANA BANK(하나은행Banque coréenne) WAAC (왁 de vêtements de golf coréen).
Ensuite c’est Lydia Ko, la néo-zélandaise qui a gagné 6,9 millions de dollars et a attiré une douzaines de sponsors à long terme. Parmi eux on retrouve la aussi des marques coréennes tel que LG Electronic, KOREAN AIR (대한항공), l’eau minérale de JEJU SAMDASOO (삼다수) et REJURAN (marque de soin pour la peau).
La première de nationalité coréenne est IN GEE CHUN (전인지). Avec 5,7 millions de dollars et étrangement des sponsors plus internationaux comme NIKE (équipementier américain), SRIXON (matériel de golf Japonais), TAG HEUER (horloger Suisse) et la marque de vêtement de golf coréenne FAIR LIAR.
Ce qui est surprenant c’est le nombre de championnes d’origine asiatique ! Est-ce une coïncidence si la mère de TIGER WOODS et Jason DAY sont asiatiques ? Ou si les championnes MICHELLE WIE (Américaine) et LYDIA KO (Néo Zélandaise) sont d’origine coréenne ou encore notre numéro un française Céline Boutier dont les parents sont Thailandais ? Prédisposition génétique, ou question de culture de l’effort et concentration ?
Cette explosion serait surtout sociologique. Les parents ont alors trouvé un moyen de hisser leurs filles au plus haut niveau dans cette société patriarcale. Le soutien inconditionnel des parents, l’investissement en temps, en argent, les sacrifices comme ils le font pour l’instruction de leur progéniture dès le plus jeune âge, afin d’atteindre les plus prestigieuses universités. Cela pourrait expliquer comment ces jeunes stakhanovistes obtiennent les meilleurs classements.
Avec un entraînement scientifique et systématique, une technologie de pointe susceptible de corriger leurs swings. Des gestes répétés de nombreuses heures par jour. Cela correspond aux pratiques coréennes et plus généralement asiatiques.
Chez les hommes
Ce constat est nettement moins vrai chez les golfeurs professionnels. En ce moment dans le classement mondial, on compte 4 coréens dans les 100 premiers. Certains joueurs masculin, évoquerait le devoir d’interrompre leur carrière pour le service militaire obligatoire comme étant la cause de la scission de leur carrière. C’est pourquoi on retrouve une concurrence étrangère plus ancrée chez l’homme.
Qu’en est-il en Corée du Nord ?

Elle fait en ce moment même l’actualité dans ce domaine. Malgré la fermeture du pays, la Corée du Nord par le biais de l’Association Nationale du Tourisme de Pyongyang, invite des golfeurs amateurs étrangers à participer à une compétition. Elle aurait lieu deux fois par an, à l’automne et au printemps sans que les dates précisent soient divulguées.
Un signe d’ouverture ?
Selon un spécialiste du pays, le docteur An Chan Il, lui-même transfuge, il s’agit là d’une stratégie pour faire rentrer sur le territoire des devises étrangères. Un département de golf a été créé dans une grande université de la capitale.
La Corée du Nord ne compte qu’un seul parcours ,sorti de terre au début des années 1980. Inauguré seulement en 1987 pour le 75eme anniversaire de son fondateur KIM IL SUNG(김일성). Durant la période d’apaisement entre les deux nations dite « la politique du rayon de soleil », ce terrain de golf a accueilli une compétition de l’Association coréenne de golf Professionnel féminin.
Qui sont les joueurs…
Le golf jouit d’une image entre sport élitiste propice aux négociations dans un cadre détendu et marqueur social pour travailleur de bureau en quête d’ascension. Dans les dramas, il est souvent l’endroit d’arrangements occultes entre personnes influentes, on peut aussi voir le passe temps de riches ajummas (아줌마) ou le lieu de retrouvaille de couples illégitimes.
Mais aujourd’hui en Corée, il se démocratise complètement. On s’y retrouve entre collègues ou amis, en famille ou même seul. Ce qui aide ce sont les screen golfs ou golfs virtuels :
beaucoup moins coûteux qu’un parcours s’élevant en moyenne entre 200 et 300 euros, pour en moyenne 15 euros selon le style, le moment de la journée ou de la semaine.
Pas de temps de déplacement, pas de soucis de saison ou de météo, ouvert à n’importe quelle heure de la journée cela rend la pratique régulière facile. Et on sait comme les coréens aiment pratiquer assidûment pour progresser efficacement. À raison d’une heure par jour, les conditions sont idéales. Alors quand ils se rendent sur un green, ils sont parfaitement prêts !

L’offre de simulateurs est impressionnante, elle peut être très ludique comme « kakao golf » destiné à un public décontracté et fun ou à la pointe de la technologie comme « QED » moderne et élégant ou encore le très populaire « golfzon » que l’on peut trouver dans tout le pays.
Au-delà de la pratique d’un sport
Dans la réalité les amateurs se situent dans les catégories socio-économiques les plus élevées. Un public influent dans le monde de l’immobilier, la finance et l’investissement.
On peut y voir un moyen de se distinguer, comme un marqueur social suivant son choix de parcours ou de practice (zone d’entrainement). Au-delà de la pratique physique, il s’agit bien là d’un choix pragmatique. Dans cet environnement, rien n’est laissé au hasard au niveau de l’équipement ou bien du style vestimentaire. Les golfeurs coréens dépensent plus que quiconque pour s’équiper.
Et les marques de luxe l’on bien comprises. LANVIN c’est par exemple associé a Handsome leHyundai Department Store Group (현대백화점그) pour crée LANVIN BLANC entièrement dédie a l’univers du golf. Cette association ambitionne plus de 22 millions de dollars dans les 3 prochaines années grâce à l’appétence pour le golf en Corée, selon un rapport du KOREA Leisure Industry Research (recherche sur l’industrie des loisirs en Corée).

A.P.C la marque française a elle aussi commercialisé en 2022 une collection golf. Réservée au marché coréen, elle est proposée au sein de leur boutique de Séoul à Gangnam. Elle sera commercialisée dans un second temps au Japon. D’autres implantations sont prévues en Asie avant éventuellement l’Europe.
Et les marques mondialement connues se positionnent aussi très bien sur ce créneaux du golf comme Calvin Klein , Polo Ralph Lauren, Nike, Hugo Boss, Lacoste ou Adidas qui ont toutes une sélection dédiée.
Pour conclure
Le golf en Corée du Sud est bien ancré dans la culture et voué à se développer encore plus ces prochaines années. Dans cette société, il accompagne parfaitement une ascension sociale convoitée et codifiée. L’industrie qui gravite autour de cette pratique a de beaux jours devant elle. Le pays du matin calme avec une technologie de pointe dans la pratique, fait office de lanceur de tendances dans ce domaine. C’est avec allure que l’on devrait pouvoir admirer un vivier de futurs champions…Alors qu’au Nord, le golf pourrait être la mesure d’une ouverture au monde.
- Terrain d’entraînement (recommandation officielle) , au golf. ↩︎