Sommaire
Il y a quatre siècles et vingt ans, l’amiral Yi Sun-sin prit le commandement des forces navales coréennes. Face au manque de troupes terrestres sous la noblesse, ces forces navales remportèrent des victoires cruciales contre la marine japonaise grâce à l’utilisation du premier navire cuirassé au monde, le bateau-tortue. Constituée deux siècles auparavant à la fin de la dynastie Koryo pour contrer les pirates japonais, la marine coréenne mit en échec les tentatives d’invasion de la péninsule pendant la guerre patriotique Imjin. L’AAFC revient sur cette guerre Imjin, marquée par deux débarquements japonais, en 1592 et 1597, qui ont marqué l’histoire de la Corée.
La guerre d’imjin 1592-1598
La guerre d’imjin en 1592 n’a pas de nom convenu dans les textes historiques de langue anglaise, mais d’un point de vue japonais, elle est généralement désignée comme l’invasion de la Corée et d’un point de vue coréen comme la guerre d’Imjin.
Il ne faut pas confondre l’invasion de la Corée par le japon qui fait généralement référence à 1592-1598, et l’occupation de la Corée par le japon qui commence en 1910.
Le terme « guerre d’imjin » sera utilisé pour cette écrit. En 1185, le Japon a connu un changement de pouvoir monumental : les classes guerrières, les samouraïs, ont pris le contrôle de la ville de Kamakura (鎌倉市), dans l’est de Honshu (本州), et plus tard de Muromachi (室町時代), une région de Kyoto (京都市), et se sont imposés face à l’empereur.
Unification du japon
À la fin du XVe siècle et au XVIe siècle, le shogunat de Muromachi (Qui sont les anciens gouvernements japonais de Kamakura, Muromachi et Tokugawa qui sont appelés «Shogunate» en anglais car la fonction la plus puissante était celle du «shogun». Seigneur local japonais.) était en déclin et, à la fin du XVIe siècle, certaines personnalités ont commencé à unifier tout le Japon sous un gouvernement central.
Le premier d’entre eux fut Oda Nobunaga (織田 信長°, un daimyo, auquel succéda un autre daimyo, Toyotomi Hideyoshi (豊臣秀吉), le chef qui décida d’envahir la Corée. Le Shilla unifié tombe en 890 et est remplacé par le royaume de Goryeo en 918 après une période de combats. Goryeo (고려) était constamment en guerre avec ses voisins et en proie à des luttes intestines.
Le royaume s’est finalement effondré en 1392 lorsque le général Yi Seong-gye (이성계) a décidé de renverser le royaume et a établi la dynastie Joseon (조선), un pays relativement pacifique. Joseon (조선) est le pays coréen que Hideyoshi a attaqué. Pendant cette période de faible communication, les récits du Kojiki et du Nihon Shoki ont continué à avoir un effet négatif sur la vision japonaise de la Corée.
Les événements qui ont conduit à l’invasion
Contrairement à Joseon (조선), les Japonais étaient une nation militaire. Alors que Joseon (조선) considérait peut-être la sophistication culturelle comme une force et était donc militairement faible, contrairement à ses prédécesseurs dans la péninsule coréenne, les Japonais considéraient la force en termes purement militaires.
Cela est apparu clairement lorsque Hideyoshi a décidé d’attaquer la Corée pour la première fois, car l’opposition semble avoir été faibles. Il peut sembler tout à fait naturel pour un pays comme le Japon, qui a toujours été en guerre, de trouver un nouveau pays à combattre une fois qu’il est uni.
On peut même supposer qu’il s’agissait d’un bon moyen de remonter le moral et la camaraderie du peuple, toute la nation japonaise s’unissant pour combattre un ennemi commun.
Officiellement, Hideyoshi, ( le deuxième des trois unificateurs du Japon durant la période Sengoku) a décidé d’envahir la Corée parce qu’il voulait que son nom soit connu dans tout le Japon, la Chine et l’Inde, comme il l’a écrit au roi Seonjo (선조) de Corée en 1590.
Bien que les attitudes exprimées dans le Nihon shoki et le Kojiki1 aient sans aucun doute joué un rôle dans l’invasion, d’autres raisons ont pu conduire Hideyoshi à percevoir que la Corée pouvait facilement être envahie. Au cours des quelque 400 années qui ont précédé l’invasion, les Mongols ont conquis une grande partie de l’Asie continentale, étendant leur empire jusqu’à l’Europe.
Une invasion mongole en 1231
Ils ont envahi la péninsule coréenne en 1231. Les Coréens n’ont pas fait le poids face aux Mongols et ont été contraints de négocier la paix, puis de payer aux Mongols un tribut excessivement élevé. Il y avait encore une certaine résistance et un roi Goryeo, mais la résistance est restée vaine et le roi a été placé sous le commandement des Mongols.
Parallèlement, les Mongols s’emparent progressivement de la Chine et, après la conquête de la Chine et des Goryeo, ils s’attaquent au Japon, aggravant ainsi la situation des Goryeo en raison de leur position stratégique.
Les Mongols ont attaqué le Japon à deux reprises, d’abord en 1274, puis en 1281. Goryeo a été contraint de fournir un grand pourcentage de soldats et de navires pour les deux invasions. Lors de la première invasion mongole, l’armée mongole a été contrainte de se retirer, probablement en raison de la résistance japonaise et du mauvais temps. Lors de la seconde invasion, un grand typhon a détruit les navires mongols, après quoi environ 100 000 des 140 000 soldats de l’armée mongole ait été déclarés morts.
Le typhon a été appelé kamikaze par les Japonais, c’est-à-dire «vent divin». Après l’échec de ces invasions, Hideyoshi avait deux raisons de justifier sa propre invasion. Non seulement le Japon avait été assez fort pour repousser l’armée qui avait conquis le Goryeo et la grande Chine, battant au passage les soldats des pays conquis, mais il avait aussi désormais la preuve, du moins selon Hideyoshi, que le Japon était vraiment un pays aimé et protégé par les dieux. Certains prêtres ont même tenté de s’attribuer le mérite d’avoir convaincu les dieux de leur envoyer les kamikazes, à savoir Nichiren.
L’invasion
Hideyoshi a envahi Joseon en 1592, mais quand il a pris cette décision, ce n’était pas réellement la Corée qu’il visait, mais la Chine. Hideyoshi a envoyé un message au roi Seonjo de Joseon en 1590, demandant un passage vers la Chine, en assurant à Seonjo de ne pas se soucier des troupes japonaises.
Cependant, le roi Seonjo ne pouvait en aucun cas accorder un passage sûr à l’armée de Hideyoshi, car Joseon envoyait continuellement des tributs à la cour chinoise en échange de la non-attaque de l’empire et de l’aide militaire en cas de guerre. La guerre Imjin était donc consécutive au refus de Joseon d’accorder le passage à Hideyoshi.
Une attaque inattendu
Initialement, les forces d’invasion japonaises ont remporté des victoires, car Joseon ne s’attendait pas à une attaque du Japon. La vision coréenne était que le Japon avait reçu toute sa technologie formant la civilisation de la péninsule coréenne, et donc Joseon méprisait le Japon, tout comme le Japon méprisait Joseon. De plus, Joseon ne souscrivait pas à la fausse idée que le Japon avait autrefois gouverné la péninsule coréenne. Joseon avait connu la paix pendant plus de 200 ans et tenait les arts et les études en bien plus haute estime que les combats primitifs. Ils avaient peu de respect pour le Japon, un pays qui valorisait avant tout les combats et avait été gouverné par des guerriers pendant 400 ans. L’armée de Joseon était donc très mal entraînée, surtout comparée à celle du Japon. À l’époque, il y avait des querelles au sein du gouvernement de Joseon et les yangban19 ne pensaient pas avoir besoin de se préoccuper du Japon, qui n’avait exprimé aucun intérêt pour le continent asiatique depuis le VIIe siècle.
L’époque moderne
À l’époque moderne, la guerre d’imjin a été qualifiée de «première guerre mondiale régionale en Asie». Les Japonais ont facilement vaincu les Coréens non préparés à Pusan et ont continué à avancer dans le pays.
Non seulement les combattants de l’armée du Joseon n’étaient pas entraînés, mais de nombreux commandants n’étaient pas qualifiés ou aptes au combat. Les Japonais ont conquis Séoul moins d’un mois après le début de l’invasion et se sont dirigés vers Pyongyang(평양). C’est alors que le gouvernement de Joseon a lancé un appel à l’aide à la Chine des Ming.
Une force combinée coréenne et chinoise a été presque entièrement anéantie, prise par surprise par les Japonais. En apprenant cela, le gouvernement Ming a immédiatement envoyé des troupes supplémentaires à Joseon, ayant désormais une raison supplémentaire de vouloir que les Japonais quittent le continent.
Les Japonais avaient toutefois un grand respect pour l’armée du géant Ming et évitèrent, dans la mesure du possible, les confrontations directe avec eux tout au long de la guerre. Il est important de noter que c’est à cette époque que «la haine coréenne de la domination étrangère a commencé à s’affirmer», une haine qui va ce consolider pendant l’occupation japonaise de la Corée, avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.
Fort en mer
Si la situation semblait désespérée pour la Corée sur les territoires terrestres, sur mer ce n’était pas la même situation. Pendant la guerre d’imjin, la marine de Joseon a remporté certaines des plus grandes victoires de l’histoire coréenne et son chef, l’amiral Yi Sun-shin, est toujours considéré comme l’un des plus grands héros de la Corée.
Comme Hideyoshi considérait les navires principalement comme un moyen de transférer des troupes vers le continent asiatique, les marines des Joseon et des Ming étaient supérieures aux Japonais dans presque tous les domaines, ayant mené des batailles avec les wakō pendant des siècles.
Yi Sun-shin et les bateaux tortue
La supériorité technologique de la marine Coréenne résidait principalement dans les très célèbres « bateaux-tortues », une invention de Yi Sun-shin (이순신). Ces navires étaient pratiquement imperméables à toutes les armes que les Japonais pouvaient rassembler et ils entravaient sérieusement les opérations japonaises en Corée.
Par exemple en ayant des pointes intégrées pour empêcher les Japonais de monter à l’abordage, une tactique dont les Japonais dépendaient presque entièrement. Les « bateaux-tortues » disposent également d’armes et d’équipements supérieurs et sont équipés de rameurs qui leur permettent de manœuvrer sans dépendre du vent, alors que les Japonais n’ont que des bateaux à voiles.
Addenda
1le Nihon shoki et le Kojiki « Nihon Shoki » : Est écrit en chinois pur, et est l’une des rares sources écrites officielles sur l’histoire des origines du Japon après « Kojiki ». Les deux décrivent l’origine divine de la famille impériale japonaise. Comparé à l’ancien Kojiki, le Nihon Shoki est plus détaillé et constitue une source inestimable pour les historiens car il contient des informations complètes sur l’histoire ancienne du Japon.
Sources
- Unnur Bjarnadóttir/Janvier 2016/Japanese-Korean Relations Historical Ideas of Superiority and their effect on Current Relations with the Koreas/Háskóli Íslands/22.07.23
- history-maps
- Pascal Dayez-Burgeon, Histoire de la Corée : des origines à nos jours, Paris, Tallandier, juillet 2023, 568 p. (ISBN 979-10-210-2887-6), p. 87-96
étudiant en design graphique et design industriel, passionné par la Corée sur toutes ses formes. et nous vous faisons découvrir ce pays merveilleux et sa culture chaque semaine.