Il est dit que le premier Coréen est venu en Italie, et peut-être dans toute l’Europe, au tournant du XVIème et XVIIème siècle. Une trace de cette histoire incroyable fut enregistrée par Pierre Paul Rubens (1577-1640). Le peintre qui est connu principalement pour ses grandes toiles à thème biblique, mythologique ou encore pour les portraits des nobles, est aussi un auteur du dessin Un homme en costume coréen ou Un homme en hanbok.
Antonio Corea
Il est dit qu’Antonio Corea (안토니오 꼬레아 Antonio Kkorea ; écrit aussi « Correa ») fut le premier Coréen qui est venu en Italie ou même en Europe. Il fut un soldat coréen qui participa à la guerre d’Imjin (1592-1598), série d’invasions japonaises de la Corée qui se produisirent à la fin du XVIème siècle. Il fut capturé par les Japonais, amené à Nagasaki et ensuite vendu comme esclave à un marchand florentin, Francesco Carletti (1573-1636). Son nouveau propriétaire lui donna un prénom italien, « Antonio », sous lequel il rentra dans l’histoire. Cependant, son nom coréen reste toujours inconnu.
Antonio Corea accompagna Carletti lors de ses voyages jusqu’au retour en Italie. Il paraît que Carletti lui renda la liberté et le Coréen put passer le reste de sa vie en tant qu’homme libre. Un nom « Coreano » lui a été attribué conformément à son origine. Ce mot se diffusait progressivement dans la province de Catanzaro au sud de l’Italie.
Il existe une hypothèse d’après laquelle Antonio Corea fut baptisé et envoyé en Mandchourie en tant que missionnaire à la demande du Vatican mais cette histoire n’a pas encore été vérifiée.
En 1979, un journaliste sud-coréen, Kim Seong-o (김성오), a annoncé qu’il avait trouvé les descendants d’Antonio Corea. En plus, on suppose que le nom « Corea » en italien contemporain vient de la postérité d’Antonio. On le trouve surtout parmi les habitants de la commune d’Albi au sud du pays.
Uomo coreano
Il est dit que le dessin de Pierre Paul Rubens a été inspiré par l’histoire de l’immigré coréen. L’artiste suivit les curiosités culturelles qui circulaient parmi les intellectuels de l’époque. Il est peu probable que ce dessin soit vraiment un portrait d’Antonio Corea parce qu’un esclave n’aurait pas pu porter une tenue pour les nobles.
L’œuvre est connue sous deux titres italiens : Uomo in costume coreano (Un homme en costume coréen) ou Uomo in hanbok (Un homme en hanbok). Il vient probablement de l’année 1617. C’est une étude indépendante de la tenue coréenne traditionnelle. Il paraît que le peintre fut intéressé par les détails du costume « exotique » pour les Occidentaux : un vêtement en soie et un genre de jeongjagwan (정자관 ; en hanja : 程子冠), haut chapeau transparent, réservé aux hommes d’origine aristocratique.
À noter que l’histoire d’Antonio Corea ainsi que l’œuvre du peintre flamand ont été une inspiration pour le roman Le marchand de Gaeseong à Venise (« 베니스의 개성상인 » Beniseuui Gaeseong sangin) d’O Seyeong (오세영), publié en 1993.
Comme la princesse Heo Hwang-ok ?
Il est intéressant de comparer l’histoire d’Antonio Corea avec celle de la princesse Heo Hwang-ok (허황옥 ; 許黃玉). La dernière contribue à la coopération entre l’Inde et la Corée et grâce à elle, les relations indo-coréennes s’améliorent progressivement. En 2001, la délégation coréenne, en accord avec le gouvernement indien, a inaguré des célébrations pour commémorer la princesse à Ayodhya. Et dans le cas italien, il paraît que c’est Antonio Corea qui anime les relations entre les deux pays.
Sources
- Cecchi Viola (2020), Antonio Corea – Il primo coreano in Italia, Ambasciata della Repubblica di Corea in Italia
- Kim Seong-dong (2015), Antonio Corea, un Coréen qui est allé en Europe lors des guerres d’Imjin et comment il est devenu un personnage légendaire (« 임진왜란 때 유럽으로 간 조선인 안토니오 코레아, 그는 어떻게 신화가 되었나 », 김성동), Wolgan Joseon (월간조선)
- Park Soo-mee (2004) Following the trail of “The Korean Man”, Korea JoonAng Daily
- Riotto Maurizio (2018), Storia della Corea. Dalle origini ai giorni nostri. Milano: Bompiani.
- Man in Korean Costume, The J. Paul Getty Museum
Illustrations
- Image liminaire : Une partie du dessin Uomo in costume coreano (Un homme en costume coréen) ou Uomo in hanbok (Un homme en hanbok), Pierre Paul Rubens, ca. 1617
- ill. 1. Francesco Carletti a mentionné le nom d’Antonio Corea dans son ouvrage Voyage autour du monde (Ragionamenti di Francesco Carletti Fiorentino sopra le cose da lui vedute ne’ suoi viaggi si dell’Indie Occidentali, e Orientali Come d’altri Paesi).
- ill. 2. Uomo in costume coreano (Un homme en costume coréen) ou Uomo in hanbok (Un homme en hanbok), Pierre Paul Rubens, ca. 1617
- ill. 3. La couverture du livre Le marchand de Gaeseong à Venise (« 베니스의 개성상인 » Beniseuui Gaeseong sangin) d’O Seyeong (오세영), volume 1
- ill. 4. Célébrations du 130ème anniversaire des relations diplomatiques officielles entre la République de Corée et la République italienne, Corée du Sud, 2014. L’histoire d’Antonio Corea a été rappelée.
Née en 1993, Polonaise. Diplômée d'une licence en cultures d'Extrême-Orient (Université Jagellon de Cracovie - Pologne, 2012-2015) et d'un master en Arts Libéraux (Université de Varsovie - Pologne, 2016-2018). Étudiante en master à la Faculté des Études Asiatiques à l'Université Jagellon de Cracovie depuis 2021. Fascinée par la civilisation confucéenne et par les interactions interculturelles. Collaboratrice avec Planète Corée depuis 2018.