Sommaire
La Corée du Nord, pays associé à la clandestinité et au mystère, abrite une organisation financière secrète connue sous le nom de Bureau 39. Ce bureau qui opère dans l’ombre joue un rôle crucial dans le maintien du régime nord-coréen en générant des revenus par des moyens tant légaux qu’illégaux. L’existence du Bureau 39 suscite des questions importantes sur la nature du régime nord-coréen, son économie et ses relations avec le reste du monde. Dans cet article, nous explorerons en profondeur le Bureau 39, son fonctionnement, ses activités et son impact sur la Corée du Nord et la communauté internationale.
Création et Rôle du Bureau 39
Le Bureau 39 aurait été créé par Kim Il-sung (김일성) et son fils Kim Jong-il (김정일) à la fin des années 1970. Le bureau bénéficierais probablement dès son début d’un vaste pouvoir. Il visait à générer des devises étrangères pour le régime nord-coréen, assurant ainsi une base de pouvoir indépendante pour les dirigeants et finançant divers projets, y compris le développement de l’arsenal nucléaire. Au fil du temps, ses missions se sont élargies pour inclure diverses activités économiques, légales et illégales, contribuant au soutien de l’économie nord-coréenne.
Koh Young-Hwan, un diplomate nord coréen qui s’est enfui en 1991, raconte : « Selon la légende, lorsque Kim Jong-Il est arrivé au pouvoir, il a renommé le service des finances du comité central du parti des travailleurs en bureau 39, car il était situé au troisième étage de l’immeuble, dans la salle numéro 9 ».
Il poursuit en disant : « une autre légende raconte que le 9 mars, Kim Jong-Il a donné l’ordre de créer un tel service étatique, jusqu’à aujourd’hui, le bureau 39 et l’administration chargée de collecter et de gérer les fonds secrets de la famille de Kim Jong un ».
Organisation Interne
Des fuites de données numériques survenues en 2007 ont permis de prouver et confirmer l’existence du Bureau 39 qui serait divisé en six services administratifs et compterait plusieurs milliers d’employés triés sur le volet. Chaque division est dirigée par des cadres de haut niveau. Elle est responsable de différentes activités, notamment le commerce international, l’exploitation minière et la finance. Chaques divisions rendent compte directement au leader de la Corée du Nord.
Le Bureau 39 reste rarement mentionné dans les recherches des experts de l’ONU. Pourtant ses activités principales telles que le fonctionnement de banques nord-coréennes et des sociétés écrans à l’étranger, soient connues. Cependant, à l’extérieur de la Corée du Nord, il n’est pas désigné comme Bureau 39, et personne ne revendique y travailler.
Les Sanctions et le Besoin de Devises
Les devises étrangères sont essentielles pour tout pays, même relativement autarcique comme la Corée du Nord. Suite à l’imposition de sanctions internationales depuis 2006, en réponse à la déclaration de possession d’armes nucléaires en 2005, le régime a dû recourir à des moyens illégaux pour obtenir des revenus. Ces sanctions ont un impact majeur sur l’économie nord-coréenne en limitant les échanges légaux.
A New-York, l’organisation des nations Unis a imposé 9 séries de sanctions à la Corée du Nord. Ces mesures sont contrôlées par un groupe d’experts internationaux. Ce groupe est composé de 8 membres. Parmi eux, d’anciens experts militaires, financiers et des services de renseignements.
Les sanctions internationales ont un impact significatif sur la Corée du Nord, en particulier sur son économie. Elles empêchent le pays de se développer comme il le pourrait s’il pouvait vendre légalement des devises étrangères et des marchandises. En raison de ces sanctions, la Corée du Nord ne peut pas légalement exporter de charbon, de minerais de fer ou de zinc.
Structure et Fonctionnement du Bureau 39
Malgré son opacité, le Bureau 39 est connu pour sa structure complexe et ses activités diversifiées. Impliqué dans des activités légales et illégales, il utilise un réseau sophistiqué de sociétés écrans et de comptes bancaires offshore pour éviter les sanctions internationales.
En fait, de manière ironique, il utilise les systèmes créés par le capitalisme et le libéralisme contre eux-mêmes. Cela leur permet de contourner les sanctions imposées par les pays qui opèrent sous ce système économique.
Plusieurs activités et types d’organismes gravitent autour du bureau 39. Parmis elles on retrouve :
- Le Lazarus (pirate informatique)
- Les travailleurs détaché du bâtiment
- Créations/diffusions de fausses monnaie
- Vente d’armes
- Vente d’expertise nucléaires
- Manufacture textile/industrielle
Activités Légales et Illégales
Le Bureau 39 est actif dans un large éventail d’activités économiques, légales telles que le commerce de minéraux et illégales comme la contrefaçon de devises et le trafic de drogue. Ces activités, bien que contraires aux normes internationales, sont souvent tolérées voire encouragées par le régime nord-coréen.
Activités Légales
Parmi les activités légales du Bureau 39, on trouve le commerce international de biens tels que les minéraux et les produits agricoles. Le Bureau 39 exploite également des entreprises dans divers secteurs, y compris l’agriculture, la pêche et l’exploitation minière. Ces activités génèrent des revenus importants pour le régime nord-coréen et contribuent à soutenir l’économie du pays.
Dans une situation encore peu claire, la Corée du Nord envoie un grand nombre de travailleurs à l’étranger. Ils contribuent à la construction de nouveaux bâtiments dans d’autres pays. Leurs salaires sont renvoyés à Pyongyang (평양), et la plupart du temps, ces travailleurs ne sont pas visibles, refusant de révéler leur véritable pays d’origine, et sur les chantier des pays où ils se rendent.
Les ouvriers envoyés à l’étranger
Une autre source de revenus pour le gouvernement de Pyongyang est le travail des Nord-Coréens à l’étranger. Il s’agit principalement d’ouvriers qualifiés envoyés sur des chantiers et mal payés. On estime qu’il y en a environ 100 000 âmes en Chine, 40 000 en Russie, 10 000 répartis dans d’autres pays d’Asie (comme le Cambodge, la Mongolie et la Malaisie), au Moyen-Orient (tels que le Koweït, Oman, Qatar et les Émirats arabes unis), en Europe (notamment en Pologne) et en Afrique. Ce travail, qualifié d’esclavage moderne par les experts, rapporterait environ un milliard de dollars par an au régime.
Les conditions de travail sont extrêmement difficiles. Les ouvriers ne sont pas libres et doivent rester en groupe. Ils ont peu d’accès à leur salaire, une grande partie étant souvent retenue par le gouvernement. Un Nord-Coréen travaillant en Pologne, sous couvert d’anonymat, déclare : « Les conditions de travail sont misérables. Je ne suis pas libre. On doit rester par groupe. Je suis sûr qu’ils gardent tout notre salaire pour eux. Nous n’en recevons qu’une partie. » Les ouvriers travaillent généralement 12 heures par jour et sont surveillés de près par les services de sécurité nord-coréens. En cas de tentative de fuite, la famille restée en Corée du Nord est souvent punie.
Activités Illégales
En plus de ses activités légales, le Bureau 39 est également impliqué dans un certain nombre d’activités illégales. Cela comprend la contrefaçon de devises comme le Superdollar, le trafic de drogue et la production et l’exportation de biens de luxe interdits. Ces activités sont menées dans le but de générer des devises étrangères pour le régime. Il est important de noter que, bien que ces activités soient illégales selon les normes internationales, elles sont souvent considérées comme légales par le régime nord-coréen. Cela soulève des questions importantes sur la nature du régime et ses relations avec le reste du monde.
Près de 90% des exportations partent en Chine, avec qui le pays partage 1000 km de frontière, dont 60% ne sont pas sécurisés par une force armé. Les échanges commerciaux peuvent se faire dans les deux sens.
Le textile est le produit le plus exporté par la Corée du Nord. Pour la soie, le régime parvient à sortir 200 tonnes de tissus par an de son usine basée a Pyongyang. Les vêtements ne sont pas exportés officiellement pour cause de sanction. De nombreuses entreprises nord-coréennes fabriquent des habits conçus officiellement en Chine, parfois pour des marques européennes. Le fait d’estampiller ces vêtements comme venant de Chine permet à la Corée du nord d’exporter vers l’Europe, et a la chine de faire des économie notamment sur la main d’œuvre.
Malgré les sanctions que subit le pays, ce dernier parvient tout de même à l’exportation de son charbon, une matière première dont la Chine a fortement besoin pour son développement économique accéléré. De ce fait, le charbon est le 2e produit le plus exporté de Corée du nord. Pyongyang parvient également à écouler des minerais comme ceux de fer, plomb, zinc, des diamants et du tabac.
Les Nord-Coréens achètent leurs nourritures et leurs marchandises aux Chinois. La plupart des produits sont importés par des frontaliers avant d’être mis en vente dans des marchés noirs, apparus dans le sillage de la famine qui a fait au moins un million de morts dans les années 1990. Près de 400 marchés noirs sont agréés (et imposés) par le régime communiste, conscient qu’il ne peut fournir tous les biens nécessaires à son peuple.
Pour le reste de ses exportations, Pyongyang peut compter sur des partenaires en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient, en Afrique et en Occident. Ces échanges se font évidemment au détriment du régime de sanctions de l’ONU.
En somme, le Bureau 39 joue un rôle crucial dans le maintien du régime nord-coréen en générant des revenus par des moyens à la fois légaux et illégaux. Cependant, ses activités restent largement secrètes et mal comprises, ce qui soulève des questions importantes sur la nature du régime nord-coréen et ses relations avec le reste du monde.
Le piratage informatique
Le piratage informatique est une activité économique très importante en Corée du Nord. Selon Près de 80% des hackers sont nord-coréens, estime même l’expert en cyber-sécurité Simon Choi. D’autres experts estiment qu’il y a entre 600 et 1300 pirates informatiques en Corée du Nord.
Depuis 2015, leur principale cible sont les banques internationales, mais leurs actions peuvent être variées. Par exemple, en 2017, ils ont lancé une attaque à grande échelle avec le virus WannaCry crée par Lazarus, qui a infecté 300’000 ordinateurs dans le monde. L’activité de piratage aurait rapporté jusqu’à maintenant 2 milliards de dollars au régime nord-coréen.
Impact sur l’Économie Nord-Coréenne
Le Bureau 39 contribue significativement à l’économie nord-coréenne en finançant le régime et en soutenant divers projets, mais ces activités illégales ont également des conséquences néfastes, notamment en renforçant l’isolement international du pays.
Cette double caisse permet au régime de ne pas être atteint par les sanctions internationales, de parvenir à récupérer à grande échelle des devises, et à être pratiquement invisibles des organismes d’espionnage internationaux.
Le Bureau 39 et la Communauté Internationale
La communauté internationale perçoit le Bureau 39 comme une entité facilitant des activités illégales, ce qui a entraîné l’imposition de sanctions. Cependant, malgré ces mesures, le Bureau 39 continue ses opérations en utilisant des moyens sophistiqués pour contourner les restrictions.
En somme, le Bureau 39, bien que secret et mal compris, joue un rôle majeur dans l’économie nord-coréenne et a des implications significatives pour la politique mondiale et les relations internationales.
Sources
étudiant en design graphique et design industriel, passionné par la Corée sur toutes ses formes. et nous vous faisons découvrir ce pays merveilleux et sa culture chaque semaine.