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Dans le miracle économique coréen, les cosmétiques coréens représentent
l’un des plus grands facteurs de croissance. A eux seuls ils rapportent plusieurs
milliards de dollars à la Corée par an. Mais dans cet article nous allons un peu
remonter le temps et voir les origines de la cosmétique coréenne.
Avant Joseon

L’histoire remonte à l’époque des Trois Royaumes (57 av. J.C. – 668) d’où viennent les premiers objets de toilette, préservés jusqu’à nos jours : danyusemungyung (다뉴세문경), miroir de bronze décoré. Bien que ce genre de miroirs ait pu avoir une fonction essentiellement symbolique, surtout à l’époque de la préhistoire, on peut supposer qu’ils servirent aussi pour aider au maquillage. Les premiers produits de beauté furent l’huile pour les cheveux, le fard, le rouge à lèvres, le noir pour les sourcils et les parfums. (2007, Yi, p. 119)
D’après les annales japonaises Nihon-shoki (日本書紀), dans la période de Silla unifié (668-935) un moine coréen Gwanseong vint au Japon où il reçut des cadeaux de soie et d’autres tissus pour fabriquer du yeonbun (연분), poudre blanche à base de plomb. Cela montre que « dès avant la fin du VIIème siècle, la technique de fabrication de la poudre blanche au plomb était maîtrisée par les gens de Silla. Auparavant, on utilisait de la poudre faite à partir du riz, de graines de belles-de-nuit, de kaolin, ou de coquillages pilés. » Au fil du temps, une autre innovation dans la domaine des cosmétiques fut apparue : le fard rouge pour les joues et pour les lèvres, fabriqué à base du jus extrait des pétales du carthame. (Yi, 2007, p. 120) À l’époque Goryeo (918-1392), le maquillage des femmes fut plus discret que celui des Chinoises sous la dynastie Song (960-1279). Les femmes trop maquillées et parfumées se virent interdire l’entrée dans les temples bouddhistes, lieux particulièrement sacrés à cette époque-là. Comme un maquillage voyant était associé à celui des kisaengs (기녀), c’est-à-dire les courtisanes, une femme vertueuse ne pouvait pas avoir la même apparence. (Yi, 2007, p. 123)
L’époque Joseon
Nous nous retrouvons à présent à l’ère Joseon (1392-1910). En ce temps-là, les cosmétiques coréens régissaient déjà les modes de vie et le layering existait déjà.
Les restrictions pour les femmes en fonction du maquillage devinrent encore plus sévères : elle furent obligées de se maquiller avec une grande discrétion. Même « les poudriers et accessoires féminins de cette période prennent une apparence beaucoup plus sobre. » (Yi, 2007, p. 128). On peut dire qu’une des règles principales en la matière fut la frugalité néo-confucéenne.

Les femmes continuèrent à utiliser de l’huile pour les cheveux. C’était l’huile de sésame blanc ou de graines de camélia qui faisait briller les cheveux. (Yi, 2007, p. 129) Selon L’Encyclopédie pour les femmes, Gyuhap chongseo (규합총서), écrite en 1809 par une femme du nom de Yi Bingheogak (이빙허각), pour garder les cheveux « longs, noirs et lisses, il fallait leur appliquer une huile dans laquelle on avait fait macérer des mûres pendant trois mois ; pour stimuler la croissance des cheveux, il fallait les oindre d’une potion faite d’un mélange de feuilles de sésame et d’écorce de noix encore verte. » (Yi, 2007, p. 131)
Elles utilisèrent également du parfum, qu’elles fabriquaient souvent elles-mêmes, à partir de bouleau blanc, de musc, de clou de girofle et de camphre, ensuite mélangés avec du miel. D’ailleurs, certains norigae (노리개), pendentifs accrochés au-dessus de la taille, comportaient une pochette à parfum qui permettait « à la fragrance de se répandre dans l’atmosphère. » (Yi, 2007, p. 130-131).
Philosophie
Deux idées philosophiques sont à l’origine de la beauté féminine asiatique de l’Extrême Orient : l’une accordant de l’importance à la beauté intérieure, et l’autre à la beauté extérieure.
D’une part, la doctrine taoïste, principalement axée sur le physique, tire de l’apparence des conclusions non-figées, et des jugements de valeurs sociétaux : par exemple une femme ayant une voix grave était considérée comme un mauvais partenaire sexuel… Mais ces critères pouvaient évoluer avec le temps.
D’autre part, la pensée confucéenne recommande de prendre en considération la beauté intérieure en plus de l’apparence extérieure. En ce temps-là, ce qui déterminait la féminité était la douceur et le dévouement physique et moral envers la famille. D’après le confucianisme, système dominant sous la dynastie Joseon, le modèle de la société, de la famille et des relations entre les gens était réglé par cinq vertus parmi lesquelles lĭ (禮), « les rites » et « la moralité », qui régissaient également les questions de l’esthétique et de l’apparence.
Être « comme il faut », c’est-à-dire respecter les règles, y compris celles d’habillement et de maquillage pour les femmes, était obligatoire.Pour résumer, la femme avait un statut bien déterminé sur tous les plans : son rôle au sein de la société, sa manière d’être et son apparence. En général, le choix des cosmétiques et leur usage dépendait de l’ethos confucéen qui laissait peu d’espace pour ses propres goûts et préférences.

Un phénomène particulier ?
Pourquoi les Chinois, Japonais et Coréens accordent une importance si particulière aux soins de leur peau ? Car ils pensent que le visage est une sorte de reflet de la moralité, beauté et santé intérieure, et que cela nécessite donc de faire attention à la qualité de sa peau. Pour les Asiatiques, particulièrement les Chinois, la beauté d’une femme se définit pas son apparence extérieure et par sa richesse intérieure (considérés comme un seul et unique aspect). Bien sûr, cette perspective s’applique aussi bien à la Corée et au Japon qu’à la Chine qui a exporté le taoïsme et le confucianisme dans ces pays. C’est là, surtout dans le confucianisme, que l’esthétique coréenne, K-beauty et par conséquent les cosmétiques coréens, prennent leurs sources philosophiques initiales.
Voila maintenant vous savez presque tout sur les cosmétiques coréens. Qu’en avez vous pensez ?

Bibliographie et webographie
- Yi Sông-mi (2007). Raffinement, élégance et vertu. Les femmes coréennes dans les Arts et les Lettres. Gémenos : Autres Temps.
- « Les origines du layering : l’histoire de la beauté asiatique »
- « Il était une fois la K-Beauty.. » https://ppanam.com/blogs/ppanam-blog/il-etait-une-fois-la-k-beauty
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étudiant en design graphique et design industriel, passionné par la Corée sur toutes ses formes. et nous vous faisons découvrir ce pays merveilleux et sa culture chaque semaine.