Sommaire
La plupart des campagnes navales françaises à l’étranger au XIXe siècle visaient ou justifiaient, sinon prétextaient, la protection ou la défense d’intérêts en particuliers, ce qui signifiait en principe un cadre purement national. Ces campagnes sont rarement d’intérêt matériel ou encore économique, ni commercial, ni financier, ni même stratégique, mais sont généralement reliées à des préoccupations plus spirituelles, si l’on s’en tient aux activités des personnes concernées, car ce sont des missionnaires.
Nous sommes alors au XIXᵉ siècle, et en ce temps de grâce, la Corée est en plein bouleversement. En effet, dans les dernières décennies du XIXᵉ siècle commence la chute de la dernière dynastie Coréenne, la dynastie Joseon (조선). Période dans laquelle le dernier roi coréen Gojong (고종) va se battre sur plusieurs fronts, pour préserver son pays des incursions étrangères, le moderniser.
Malgré les efforts du roi Gojong (고종), la chute de la dynastie Joseon va être inévitable, et sa porosité aux influences étrangères sera grandissante. Les Coréens ont adopté le christianisme en grand nombre, dans la mesure où la monarchie elle-même ainsi que les intellectuels s’inspiraient de modèles occidentaux afin de moderniser le pays, et approuvaient le travail des missionnaires catholiques et protestants.
Durant la colonisation japonaise, et la première moitié du XXe siècle, deux éléments d’indentification vont se renforcer. L’identité nationale Coréenne, et le christianisme vont se rapprocher et se renforcer dans la mesure où les Japonais se sont efforcés de combiner le chamanisme local avec leur propre shintoïsme d’État. Le chamanisme avait une présence forte et importante en Corée au début du XXe siècle. La population locale pratiquait le chamanisme coréen ou muisme.
Pays inconnu
C’est dans un contexte géo-politique très complexe que va s’inscrire l’expédition française en Corée de l’amiral Roze. La Corée est alors considérée comme un vassal de la Chine qui a pour devoir de protéger, et gérer le pays du matin calme de tout problème de gestion interne du pays. C’est dans ce contexte politique plutôt brouillon que va s’insérer l’expédition de l’amiral Roze, pour une expédition française en Corée.
En Occident la Corée est qualifiée de «royaume ermite» et les premiers missionnaires se sont secrètement introduit dans le pays du matin calme, dès la Monarchie de Juillet qui tire son nom de l’émeute parisienne qui se transforme en révolution, les 27, 28 et 29 juillet 1830, dite des «Trois Glorieuses».
Même si ces nouveaux missionnaires secrètement introduits sur le territoire ont pu subir quelques persécutions, les communautés chrétiennes qu’ils ont engendré ont survécus, et même prospérées. Le pays du matin calme est alors complètement inconnu en pays européens. Avant les visites des missionnaires le pays n’a connu que peu de visiteurs. Des navigateurs en difficulté, pour majorité composés de Hollandais, étaient plus ou moins bien traités. La situation des navigateurs hollandais est privilégiée grâce aux accords de commerce avec le Japon shogounal qui leur permettait d’utiliser en exclusivité le port de Nagazaki.
Expédition française en Corée
Les préliminaires (18 septembre – 3 octobre 1866)
Le général Roze embarque sur le Primauguet, une frégate française accompagné du père Félix Clair Riedel, ainsi que des marins coréens ayant conduit la frégate jusqu’en Chine, et, avec l’aviso Déroulède et la canonnière Le Tardif appareilla pour la Corée pour une mission de reconnaissance et de relevés hydrographiques. Après avoir bloqué l’île de Kanghwa (강화도) dans le but de contrôler et bloquer un accès fluvial de Séoul, il remonta le fleuve Han (한강). A son arrivée au mouillage de Séoul il releva les défenses présentes de la ville. Et fit marche arrière…
En 1861 qui est la 12e année du roi Cheoljong (철종) le prédécesseur au roi Gojong, il entre à Joseon avec Rendre et Yoanno. Ils contribueront fortement à l’évangélisation du pays du matin clair avec 11 prêtres français, dont Siméon Berneuxtin. En conséquence, en 1865 (2e année du roi Gojong), le nombre de catholiques a atteint dans le pays plus de 23 000 personnes.
11 octobre aux 12 novembre 1866
L’amiral Roze repartit de Yantai (烟台) en chine, (ou Tchefou pour le nom de l’époque), le 11 octobre avec sept bâtiments qui étaient constitués de la frégate Guerrière, les corvettes Le Primauguet et Le Laplace, les avisos Le Déroulède et Le kian Chan, les canonnières Le Tardif et Le Breton, qui, deux jours plus tard, mouillèrent près de l’île Boisée, à quelques milles de l’île de Kanghwa.
Les Marines y débarquèrent et s’emparèrent rapidement de la forteresse qui contrôlait la rivière Han. La ville fut occupée et tout ce qui paraissait de valeur fut enlevé de la place et des bâtiments officiels : tombant ainsi entre les mains des drapeaux français, des canons, huit mille fusils, vingt boîtes de lingots d’argent, d’or, des laques, des jades, de précieux ouvrages, des archives, rouleaux peints…
L’amiral Roze a adressé une lettre au général sud-coréen Yi Yong-hui, qui rassemblait des troupes sur la rive droite de la Rivière Han, demandant des réparations pour le meurtre d’un ressortissant français et exhortant le gouvernement sud-coréen d’avoir à lui remettre les trois ministres qui s’étaient montrés les plus actifs dans les persécutions. Ils sont eux-mêmes les plus actifs dans la poursuite. Les Coréens répondirent que les missionnaires seraient jugés selon les lois de leur pays, comme en 1839. La discussion n’allait pas plus loin.
Quelques livres pour la France
L’actualité politique rappela aux Français, qui ne savaient pas ou avaient oublié, l’expédition française en Corée de l’amiral Roze en 1866. Les marins français ont ramené à Paris 298 documents, qui ont depuis été déposés, et sont conservés à la Bibliothèque nationale. Une campagne de presse avait été lancée à Séoul, avant le voyage en Corée du président Mitterrand, “en signe de bonne volonté” dans le but d’une restitution de trois documents coréens.
Le choix de cette restitution s’est fait dans le but d’améliorer les relations, non seulement économiques, mais aussi culturelles entre les deux pays. Le president de l’époque Mitterrand a décidé d’une restitution qui se traduit sous forme d’un «prêt de longue durée » dont le premier de ces trois documents, le Wékyujankak. Cet ouvrage a été «retrouvé» a la BNF, par un Coréen, et comme pour le jikji il était quelque peu tombé dans l’oubli. Le document a été accompagné à Séoul par des conservateurs de la BNF, Monique Cohen et Jacqueline Samson. L’ouvrage a été présenté aux autorités coréennes, mais fut gardé à l’ambassade de France. Bien décidé à ne pas s’en séparer comme le prévoyaient les instructions de la hiérarchie, avant la conclusion d’un accord définitif.
Sources
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étudiant en design graphique et design industriel, passionné par la Corée sur toutes ses formes. et nous vous faisons découvrir ce pays merveilleux et sa culture chaque semaine.