La Corée du Sud admet avoir «exporté en masse» des enfants en vue de leur adoption

« Les enfants étaient envoyés comme des bagages », peut-on lire dans le rapport accablant de la Commission de vérité et réconciliation sud-coréenne.

Photo  Truth and Reconciliation Commission, Republic of Korea
« Les enfants étaient envoyés comme des bagages », peut-on lire dans le rapport accablant de la Commission de vérité et réconciliation sud-coréenne. Photo Truth and Reconciliation Commission, Republic of Korea

La Corée du Sud (대한민국), autrefois l’un des plus grands pourvoyeurs d’enfants pour l’adoption internationale, a récemment fait face à son passé. Une commission gouvernementale a admis que l’État avait négligé son devoir, entraînant des violations des droits humains des personnes adoptées. Cette reconnaissance marque un tournant significatif dans l’histoire complexe de l’adoption transnationale sud-coréenne.

Un passé lourd de conséquences

Même si en Corée du Nord on cherchait à envoyer des orfeliln en Pologne, la Corée du sud aussi a utiliser les nouveaux née.

Entre 1955 et 1999, au moins 140 000 enfants sud-coréens ont été adoptés par des parents étrangers. Ce phénomène, souvent qualifié d’« exportation massive d’enfants », a été motivé par diverses raisons, notamment les conséquences de la Guerre de Corée (한국 전쟁 – Hanguk Jeonjaeng, 1950-1953) et une politique d’homogénéité ethnique. Le rapport de la Commission Vérité et Réconciliation (진실·화해를위한과거사정리위원회 – Jinsil Hwaheoreul Wihan Gwageosa Jeongni Wiwonhoe) met en lumière des pratiques frauduleuses, telles que des enregistrements d’orphelins falsifiés, des falsifications d’identité et un contrôle inadéquat des parents adoptifs. Le manque de surveillance gouvernementale a permis à des agences privées de transformer l’adoption internationale en une industrie lucrative.

Des droits bafoués et une quête de vérité

Un rapport de la commission de vérité et réconciliation affirme, dans un rapport rendu le 26 mai, la responsabilité de la Corée du Sud dans des milliers de cas d’adoption illégale. (Illustration  des photos de bébé et une page d’un dossier d’adoption d’une enfant sud-coréenne)  CAMILLE BAS-WOHLERT  AFP
Un rapport de la commission de vérité et réconciliation affirme, dans un rapport rendu le 26 mai, la responsabilité de la Corée du Sud dans des milliers de cas d’adoption illégale. (Illustration des photos de bébé et une page d’un dossier d’adoption d’une enfant sud-coréenne) CAMILLE BAS-WOHLERT AFP

Le rapport souligne que les procédures légales de consentement des parents biologiques n’ont souvent pas été respectées. En 1984, par exemple, 99% des demandes d’adoption internationale ont été approuvées en un ou deux jours, démontrant une absence flagrante de diligence. De plus, le gouvernement sud-coréen n’a pas encadré les frais d’adoption, favorisant ainsi une industrie motivée par le profit. Park Sun-young, la présidente de la commission, a qualifié cette période de « partie honteuse de notre histoire ».

South Korea Adoption Fraud Parents South Korea Adoption Fraud Parents Copyright 2024 The Associated Press. All
South Korea Adoption Fraud Parents South Korea Adoption Fraud Parents Copyright 2024 The Associated Press. All

De nombreux adoptés sud-coréens, aujourd’hui adultes, cherchent à connaître leurs origines et à retrouver leurs familles biologiques. Cependant, cette quête est souvent semée d’embûches en raison de dossiers trafiqués et d’informations manquantes. Certains affirment que leurs mères biologiques ont été contraintes de les abandonner, leurs dossiers ayant été manipulés pour les rendre légalement adoptables.

Reconnaissance et espoir pour l’avenir

Sur 367 plaintes reçues, la commission a identifié 56 cas de violations des droits humains. Bien que ce chiffre soit faible par rapport à l’ampleur du phénomène, il représente une première reconnaissance officielle. Des adoptés comme Boonyoung Han, une Danoise d’origine coréenne, dénoncent la « violence de l’État » et l’« incertitude éternelle » dans laquelle ils ont été laissés. Pour Hanna Johansson, une Suédoise d’origine coréenne, le rapport est une « victoire » pour la communauté des adoptés, espérant que davantage de parents biologiques se manifesteront pour demander justice.

Ce rapport est un pas important vers la reconnaissance des torts passés et la guérison des blessures profondes laissées par ces pratiques. Il souligne la nécessité pour la Corée du Sud de faire face à son histoire et de garantir que de telles violations ne se reproduisent plus.

Sources

  1. Le Figaro. (2025, 27 mars). La Corée du Sud admet avoir «exporté en masse» des enfants en vue de leur adoption. https://www.lefigaro.fr/international/la-coree-du-sud-admet-avoir-exporte-en-masse-des-enfants-en-vue-de-leur-adoption-20250327
  2. Racines Coréennes. (s.d.). Histoire de l’adoption en Corée – Par année. https://racinescoreennes.org/histoire-adoption/
  3. RFI. (2022, 29 mars). Corée du Sud: pourquoi autant d’enfants coréens ont-ils été adoptés à l’étranger?. https://www.rfi.fr/fr/podcasts/grand-reportage/20220329-cor%C3%A9e-du-sud-pourquoi-autant-d-enfants-cor%C3%A9ens-ont-ils-%C3%A9t%C3%A9-adopt%C3%A9s-%C3%A0-l-%C3%A9tranger
  4. Le Monde. (2025, 28 mai). Corée du Sud : une commission d’enquête fait la lumière sur les adoptions illégales. https://www.lemonde.fr/international/article/2025/05/28/coree-du-sud-une-commission-d-enquete-fait-la-lumiere-sur-les-adoptions-illegales_6608974_3210.html
  5. Radio-Canada. (2025, 30 mars). Des enfants sud-coréens « envoyés comme des bagages ». https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2151778/adoption-coree-sud-commission-reconciliaiton


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