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Aujourd’hui, nous allons étudier ensemble une histoire bien particulière, puisqu’il s’agit du seul soldat américain connu pour vivre en Corée du Nord après y avoir fait défection. James Joseph « Joe » Dresnok (제임스 조새프 드레스녹) est mort de sa belle mort naturelle dans le Pays du Matin Clair en 2016 à la suite d’une période de maladie grave. Il a même déclaré avant de mourir qu’il n’a jamais regretté sa désertification en Corée du Nord et qu’il y a vécu une très belle vie. La défection de Joe Dresnok au nord de la péninsule a inspiré plusieurs de ses compatriotes et collègues soldats.
Biographie

Aux États-Unis
James Joseph « Joe » Dresnok, né le 24 novembre 1941 à Norfolk en Virginie, est un déserteur de l’armée de terre des États-Unis, établi en Corée du Nord.
Initialement soldat de l’U.S. Army, le soldat Joe Dresnok est d’abord affecté en poste en Allemagne de l’Ouest. Mais le divorce avec sa première femme le pousse à rempiler. Il va être posté le long de la zone coréenne démilitarisée (DMZ).

Joe Dresnok et sa jeunesse
Abandonné par ses parents dès son plus jeune âge et sans plus aucuns repères familiaux, sans scolarité et dans un dénuement total, c’est à 17 ans qu’il s’engagera dans l’armée américaine, et l’année d’après à ses 18 ans, il va se marier. Puis, il part en mission en Allemagne de l’Ouest. Mais suite à deux années de bons et loyaux services, il apprend que sa femme a refait sa vie et a demandé le divorce en son absence.
Complétement bouleversé par l’annonce de cette mauvaise nouvelle, il décide de partir à l’autre bout du monde, en Corée du Sud, et va surveiller la DMZ du coté americain : la ligne de démarcation le long du 38ème parallèle (appelé DMZ ce qui signifie « Zone coréenne démilitarisée »), qui est en fait l’endroit le plus militarisé de la planète. Une longueur de 258 km et une largeur de 4 km, sépare les deux idéologies principales du monde – deux mondes radicalement opposés : 1) la Corée du Nord, appartenant au bloc communiste, dirigée par Kim Il-sung (김일성, 1912-1994), soutenue financièrement et idéologiquement par la République populaire de Chine et l’Union soviétique ; 2) la Corée du Sud, un État capitaliste, ayant pour dirigeant en Syngman Rhee (이승만, 1875-1965), soutenue par le bloc de l’Ouest.
Entre 1950 à 1953, la guerre de Corée éclat, marquée par l’intervention armée des Américains, sous l’égide des Nations unies et des Chinois, et fait des centaines de milliers de morts dans les deux camps, jusqu’à un armistice signé en 1953. En 1962, les tentions entre les deux parties du pays restent très fortes et une zone tampon est mise en place pour cesser les combats. Plus de 1 millions de soldats sont mobilisés de part et d’autre de la frontière.
Le déclic
Lorsque, il était déprimé par ses problèmes personnels et conjugaux, et menacé de sanctions dans son régiment pour insubordination et falsification de papier de demande de permission. Il se rendait souvent dans les villages frontaliers pour boire, fumer et visiter de nombreuses maisons de prostitution.
Le 15 août 1962
Joe Dresnok, toujours en poste, va franchir le no man’s land, alors que ses collègues lui demandent de revenir. Mais le déserteur va tirer en l’air et continuer à avancer au beau milieu d’un champ de mine. Il arrive au côté de l’ennemi. Il lève ses paumes en geste de capitulation. Au lieu d’être fusillé, il est amené aux autorités nord-coréennes.
Les premiers jours au Nord
Joe Dresnok est emprisonné et interrogé. Il donne toutes les informations, concernant les troupes américaines, qu’il possède. Ensuite, il est conduit auprès d’un autre déserteur americain, Larry Allen Abshier, qui a également fui quelques mois plus tôt.
Après 1965
Joe Dresnok est content de sa décision. Il dit que la vie à Pyongyang est belle. Il est accompagné par d’autres soldats américains qui ont le même statut de déserteur. Néanmoins, en 1966, lui et ses trois compatriotes se présentent devant l’ambassade de l’Union soviétique en disant qu’ils sont déçus par les conditions de la vie en Corée du Nord. Ils espèrent de pouvoir partir à Moscou. Mais, c’est un espoir inutile car les officiels soviétiques appellent la police. Dresnok constate qu’il ne pourrait jamais sortir du pays, soit-disant « le plus fermé du monde ».
Dans les années suivantes, Joe Dresnok reste sous surveillance permanente et il a son guide qui l’aide à s’adapter à la réalite nord-coréenne. Entre autre, il apprend la doctrine du juche (주체).
Devenir Nord-Coréen

En 1972, Joe Dresnok obtient officiellement la citoyenneté nord-coréenne. Quelques années plus tard, il est engagé dans la réalisation des films de propagande.

Comme il a été déjà mentionné, Joe Dresnok n’était pas le seul soldat américain qui ait déserté l’armée des États-Unis pour vivre en Corée du Nord. Larry Allen Abshier (1943-1983), Jerry Wayne Parrish (1944-1998) et Charles Robert Jenkins (1940-2017, après leur défection et arrivée au Nord, sont devenus « des célébrités » du cinéma nord-coréen. Dans le film d’espionnage, Des héros sans nom (이름 없는 영웅들 Ireum eomneun yeongungdeul), diffusé en vingt épisodes entre 1978 et 1981, on retrouve tous les quatre « héros occidentaux » :
- Jerry Wayne Parrish dans le rôle de Louis / Lewis London, officier britannique
- Charles Robert Jenkins en tant que docteur Kelton
- James Joseph « Joe » Dresnok comme Arthur Cockstud, militaire américain
- Larry Allen Abshier comme Carl, agent secret américain
Jerry Wayne Parrish dans le film Des héros sans nom (1978-1981) Charles Robert Jenkins (il porte des lunettes) dans le film Des héros sans nom (1978-1981)
Il y avait encore deux soldats américains, désertés et arrivés en Corée du Nord. C’étaient Roy Chung (1957-2004) et Joseph T. White (1961-1985).
Rester en Corée du Nord
Joe Dresnok s’est remarié deux fois en Corée du Nord et il a eu trois fils. En tant que membre de l’élite locale, il n’a pas souffert à cause de la grande famine des années 1990. En 2006, il a été interviewé par Daniel Gordon, réalisateur britannique, pour un film documentaire sous le titre Crossing the Line où il a affirmé qu’il n’avait jamais regretté sa vie en Corée du Nord. Il est mort en 2017 à Pyongyang.
Sources
- (2011) Strangers at Home: North Koreans in the South – Crisis Group Asia Report, N° 208, 14.07.2011
- Gauthier Brandon K. (2013). When the first American soldier defected to North Korea. In: NK News, 28.05.2013
- Schönherr Johannes (2012). North Korean Cinema – A History. North Carolina: McFarland Publishers.
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étudiant en design graphique et design industriel, passionné par la Corée sur toutes ses formes. et nous vous faisons découvrir ce pays merveilleux et sa culture chaque semaine.