Sommaire
Ce que l’on peut entendre comme étant le miracle de Noël durant la guerre de Corée, est un évènement faisant partie de l’histoire de la Corée, un petit morceau de la petite histoire qui s’est glissé dans la grande, dans laquelle on retrouve des traces de la vie personnelle de Moon Yong-hyung (문용형 Mun Yong-hyeong) et Kang Han-ok (강한옥). Il est possible qu’à la première lecture ces deux noms ne vous disent rien. Cependant, Moon est aussi le nom du futur président sud-coréen en 10 mai 2017. Vous l’aurez sans doute compris que parmi les civils évacués vers le Sud, se trouvaient les futurs parents et la sœur du président sud-coréen, Moon Jae-in (문재인 Mun Jae-in), qui n’était pas encore né.
Nom de code : Christmas Cargo
Avec le nom de code « Christmas Cargo », mais plus connu sous le nom de miracle de Noël durant la guerre de Corée, il s’agit de l’évacuation de Heungnam (흥남 철수 작전 Heungnam cheolsu jakjeon). Cet évènement désigne l’évacuation des Nations unies et des civils de Corée du Nord du port de Heungnam. Cette opération a duré du 15 au 24 décembre 1950 pendant la guerre de Corée.
L’évacuation de Heungnam (흥남 철수 작전 Heungnam cheolsu jakjeon) fait suite à la bataille du réservoir de Chosin (장진호 Jangjinho) du 27 novembre au 13 décembre, durant laquelle a eu lieu la défaite des forces américaines et de l’ONU, battues par une partie de l’armée chinoise dans la campagne. Les forces de l’ONU s’étaient retirées à Heungnam d’où elles ont été évacuées vers la Corée du Sud. Le commandant des Nations unies, le général Douglas MacArthur, a ordonné l’évacuation par Heungnam. L’ordre contraire à un ordre précédent qui était de concentrer les forces du Xe Corps à Heungnam. L’évacuation de Wonsan a commencé le 3 décembre.
La bataille de Chosin (장진호 Jangjinho) est l’un des combats les plus meurtriers et particulièrement féroces de l’histoire des États-Unis et de la péninsule de Corée. Le combat s’est déroulé avec des températures inférieures à zéro, une neige montant jusqu’aux genoux. Les troupes de l’ONU se sont retrouvées après des jours de combats, entourées par les forces chinoises. Subissant trop de pertes, les troupes de l’ONU ont commencé un périple vers la mer. Des dizaines de milliers de civils nord-coréens les ont suivis.
Ils les ont suivis, parfois dans des conditions très dures. Les bagages sont précaires, faits à la hâte ou pas du tout. On peut voir des bébés attachés sur le dos de certaines femmes. Les civiles font leurs adieux à leurs amis, à leurs proches. Ils leur promettent de revenir dans quelques jours quand la guerre sera finie.
Des rumeurs d’un cargo
Dans le froid, affamés et épuisés, les réfugiés entendent des rumeurs selon lesquelles les Américains en retraite pourraient leur permettre de monter à bord d’un navire américain à Heungnam dans un port sur la mer de l’Est.
Alors qu’ils parcourent 112 654 kilomètres à pied jusqu’à ce qu’ils espéraient être un passage sûr vers le Sud. Chacun était très inquiet pour sa famille. Bien que sachant le sort réservé aux personnes accusése d’aider ou de coopérer avec les forces de la République de Corée ou des États-Unis, les « sympathisants » sont emprisonnés, torturés ou éventuellement exécutés, ils se sont tous réfugiés à bord du navire américain Meredith Victory qui, pour leur faire place et les cacher, avait jeté à la mer sa cargaison et les armements.
C’est à partir du 10 décembre que les troupes de l’ONU entrent dans Heungnam. Des navires de la marine américaine et de la marine marchande attendent pour évacuer les militaires et civiles. Le général MacArthur ordonne au Xe Corps, qui comprenait la 1e division des Marines, la 31e régiment de combat, le 41e commando royal et les unités de l’armée de Corée, de se redéployer en Corée du Sud. Edward H. Forney, colonel de marine chargé du contrôle de l’évacuation, a alors un calendrier serré. Il a moins de deux semaines pour faire sortir hommes, équipement, fournitures et leurs véhicules de Heungnam. Désormais 100 000 réfugiés nord-coréens sont piégés dans le port. Les Américains deviennent leur seule chance de s’échapper.
Un choix crucial
Les bateaux, navires de guerre américains, sont désormais chargés à n’en plus pouvoir de munitions, armes, véhicules, et troupes. Il manque de place pour les civils et l’armée américaine ne veulent pas prendre le risque d’accueillir parmi les civils des soldats ennemis déguisés en réfugiés, essayant d’entrer dans le port et sur les navires. Dans le contexte, il suffit alors d’un seul saboteur avec quelques explosifs pour créer un désastre pour un transporteur de troupes.
Le général MacArthur et ses supérieurs discutent des options qui s’offrent à eux. C’est au cours de la deuxième semaine de décembre qu’un nombre restreint de personnes commencent a être embarquées. Si l’armée chinoise n’attaquent pas et les navires deviennent disponibles, 25 000 réfugiés supplémentaires peuvent être évacués. Les Chinois se rapprochant de jours en jours, les réfugiés voient leur chance de survie s’amincit. La date limite de l’opperation fixée au 24 décembre se rapproche dangereusement.
Sauver des civils
C’est grâce à la longue insistance du docteur Hyun Bong-hak (현봉학 Hyeon Bong-hak), un officier des affaires civiles coréen éminemment respecté et interprète, mais aussi de son avocat de confiance, le colonel Edward H. Forney, que la décision a été prise d’évacuer « le plus de civils que possible ». Personne ne sait le nombre de réfugiés, peu de navires sont disponibles mais le temps presse et beaucoup de civils attendent.
100 000 réfugiés ont alors quitté Heungnam la veille de Noël. Deux jours plus tôt, un cargo de la marine marchande commandée par Leonard LaRue, le SS Meredith Victory, qui est conçue pour transporter moins de 60 personnes, quitte le port avec 14 000 réfugiés. Il s’agit toujours aujourd’hui d’un record du monde Guinness, considérée aujourd’hui comme la plus grande opération de sauvetage jamais réalisée par un seul navire. Le voyage du Meredith Victory est devenu une légende de l’histoire.
La guerre, c’est aussi préserver l’intégrité d’une nation et la dignité de son peuple.
Bob Lunney, membre d’équipage de 23 ans en service sur le Meredith Victory, déclare des années plus tard lorsqu’on l’a interrogé sur le voyage historique du navire
Le miracle
En Occident, l’expression « le miracle de Noël » réveille un souvenir de la Trêve de Noël. C’étaient plusieurs cessez-le-feu qui eut lieu lors de Noël entre les troupes de la Triple-Entente et celles de la Triplice au début de la Première Guerre mondiale (1914-1918). Il est dit que les soldats ennemis s’échangèrent des vœux et partagèrent leurs repas. Noël est devenu « une carnaval militaire », une période particulière où toutes les règles et restrictions ont été suspendues pour des raisons festives et ludiques…
Cependant, « le miracle de Noël coréen » dénote un autre type de « miracularité ». Il s’agit d’un grand nombre d’êtres humains, sauvés dans les conditions désespérantes.
Évacuation de Hungnam terminée… La flotte des Nations unies fait sortir 105 000 soldats et 100 000 réfugiés.
The New York Times, 25 décembre 1950
Un million de descendants des personnes sauvées à Heungnam vivent aujourd’hui en liberté en Corée du Sud, aux États-Unis et dans d’autres pays du monde.
La première opération de sauvetage humanitaire des Nations unies, mais aussi la plus grande évacuation militaire maritime de civils, dans des conditions de combat de l’histoire américaine est désormais terminées.
« Je remercie Dieu pour le succès de l’opération Hungnam. C’est le meilleur cadeau de Noël que j’aie jamais eu. »
Harry Truman, président États-Unis dans les années 1945-1953
Président des États-Unis, Harry Truman, proclama ces mots après avoir reçu un appel le jour de Noël à 1h00 du matin d’Omar Bradley, le président du Comité des chefs d’état-major interarmées (en anglais : The Joint Chiefs of Staff). Dès lors, Truman, les Américains et une grande partie du monde ont poussé un soupir de soulagement. À la suite de cela, un retrait de l’ONU de la péninsule coréenne a eu lieu. Mais un conflit plus important avec la Chine et l’Union soviétique venait l’air de rien d’être évité.
Même sur Netflix
Cet évènement historique a bien sûr fortement marqué les pays comme la Corée du Sud, mais aussi les États-Unis qui étaient impliqués dans cette partie de l’histoire. Si vous voulez en savoir plus de façon amusante, je vous recommande la très bonne série Netflix Timeless (plus précisément la saison 2, l’épisode 12 Le miracle de Noël) dans laquelle les héros remontent dans le temps pour sauver un agent de leurs équipes sur place.
Sources
- hungnam-evacuation-a-christmas-miracle
- battle-of-chosin-korean-war
- share.america.gov/fr/sauvees-par-un-navire-14-000-personnes
- www.nytimes.com
- https://history.army.mil/html/books/020/20-4/index.html
étudiant en design graphique et design industriel, passionné par la Corée sur toutes ses formes. et nous vous faisons découvrir ce pays merveilleux et sa culture chaque semaine.
Pingback: Bombardement nucléaire de la Corée - Planète Corée