Sommaire
Le chamanisme coréen est fondé sur une conception animiste du monde. Cela signifie que les forces de la nature sont personnifiées sous la forme «d’esprits». Le terme sin (신) sin, (ch 神) l’exprime et signifie « esprit, divinité ou animation ». Le terme « esprit » est utilisé pour désigner les entités surnaturelles qui peuplent l’univers de l’imaginaire chamanique. Mais ces entités chamanique ont forcément une genèse, et entre dans la cosmologie coréenne.
Un univers harmonieux
Si nous nous référons aux contes et légendes coréens, l’univers formerait un tout harmonieux et cohérent, divisé en plusieurs parties :
- Le monde céleste
- Le monde terrestre
- Le monde souterrain
A eux trois, ils forment l’origine de l’organisation du monde. On retrouve d’ailleurs cette cohérence, et cette formation, cette triade au sein de l’alphabet coréen, le hangeul. Le hangeul est le seul alphabet à avoir été créé de toutes pièces, par le roi le plus connu de Corée, le roi Sejong le grand. Mais en créant l’alphabet coréen, il ne va pas tout créer à partir de zéro.
Il a été influencé par d’autres cultures, et même d’autres éléments présents dans sa propre culture. Le hangeul se compose de tracés géométriques à portée symbolique. Il va s’appuyer sur le rapport originel entre l’homme, le ciel et la terre, matérialisés par les caractèresㅣ(i), ㅡ (eu) et ㅇ (ng).
Un régime adapté par esprits
Les esprits sont organisés selon leur rang, mais aussi en fonction de leur caractère, et même de leur régime alimentaire. Les plus compréhensifs et magnanimes, qui sont aussi les esprits célestes les plus élevés, sont dans la cosmologie coréenne végétaliens, se nourrissant de riz et de fruits.
Les esprits intermédiaires, comme ceux des Dignitaires ou des Généraux, sont chargés de combattre les esprits indésirables. Ces esprits-là sont carnivores, amateurs d’alcool et ont une réputation agressive. Pour avoir une idée de leur apparence, l’on peut observer les mushindo (무신도), les peintures des esprits situés dans les sanctuaires des chamanes coréennes.
ces portraits peints, ces esprits sont représentés sous formes humaines, vêtus de costumes traditionnels et accompagnés d’attributs dont des coiffes, des éventails ou des épées.
Des associations par esprit
Les esprits végétaliens sont associés au ciel, à la couleur blanche et à l’arc-en-ciel tandis que les
esprits carnivores sont eux symbolisés par la terre et par des couleurs vives. Les esprits végétaliens et carnivores sont symbolisés respectivement par le ciel et la terre. Les chamanes coréennes peuvent s’occuper des esprits de différentes régions du monde, car pour elles, le monde spirituel est sans frontières.
La création du monde
Suite à cette longue introduction qui parle de l’univers et de ses compositions dans la mythologie coréenne, voyons ensemble maintenant la cosmologie coréenne et comment ce monde, cet univers a été créé.
Une divinité nommée Yul-ryeo (율려) apparut de nulle part. Cette dernière donna naissance à la déesse Magohalmi (마고할미).
Yul-ryeo mourut (율려 무룻) par la suite. Magohalmi à son tour donna naissance à deux nouvelles déesses nommées Gung-hee (궁희) et So-hee (소희). Chacune d’elles donna naissance à deux Hommes Célestes et deux femmes Célestes.
Suite à l’apparition de ces Célestes, Yul-ryeo fut ressuscité et par sa résurrection, la terre et les océans furent créés. En même temps, le feu, l’eau, la terre et le Chi 氣 (le souffle) apparurent.
Ces quatre éléments se mélangèrent alors pour créer et former l’herbe, les plantes, les oiseaux et les animaux. Magohalmi décida alors de rester avec Yul-ryeo, dont le corps était devenu le monde. Depuis lors, les Célestes règnent sur tous les êtres vivants depuis leur forteresse Céleste appelée Magohalmi, en l’honneur de la déesse.
Rotation de la Terre et de l’espace infini
Le paravent à dessin astronomique de la nouvelle loi du temple de Beopjusa (법주사) a été peint la 18éme année du roi Yeongjo (영조) de la dynastie Joseon 1742 avec les constellations du nord et du sud de l’écliptique (le chemin par lequel passe le soleil), mesurant 183 cm de hauteur et 451 cm de largeur.
À la fin de la période de la dynastie Joseon, les théories géocentriques qui sont apparues témoignent de l’influence de l’astronomie occidentale au-delà de la surface. Bien que le livre « Uiyokji » de Jakhomo Ro (nom chinois: Naagok) explique la rotation de la Terre, il n’a pas été reconnu comme une théorie officielle adoptant l’héliocentrisme de Copernic. En outre, le livre « Eoksang Gosunghupyeon » de Koegreulla (nom chinois: Daejinhyeon) calculait les mouvements du soleil et de la lune sur la base de la théorie des orbites elliptiques dérivée des théories géocentriques.
Dans ce contexte, la promotion des théories géocentriques par les intellectuels de la dynastie Joseon donne une idée du niveau de l’astronomie de l’époque, mais d’un autre côté, il était impossible sans recevoir l’influence de l’astronomie occidentale. La théorie des rotations célestes avancée au 17e siècle est celle proposée pour la première fois par Kim Seok-mun. Yeonam Bak Ji-won le présente comme la « troisième théorie de la sphère » dans le « Yeolha Ilgi » (열하일기).
Une première rotation
Kim Seokmun(김석문), qui a été le premier en Corée à soutenir la théorie de la rotation de la Terre, était un érudit néo-confucéen de la fin de la période Joseon, également connu sous le nom de Byeongye (병여). Ce fait témoigne du fait que ses études en astronomie n’étaient pas le fruit du hasard. Sa première affirmation de la théorie de la rotation de la Terre remonte au moment où il s’est intéressé à l’astrologie et a commencé à lire des ouvrages des penseurs confucéens qui ont formulé la cosmologie de la philosophie néo-confucéenne, tels que Jujingzhe et Janghyanggeo. Sous l’influence de ces penseurs, il a compris la formation de l’univers et sa capacité à changer, et a commencé à s’intéresser à l’astrologie, à la géographie, et à devenir un expert dans ces domaines, ce qui a ouvert ses yeux sur la cosmologie.
La théorie astronomique de Kim Seokmun (김석문), appelée « 삼대환부공설 », est présentée dans son ouvrage intitulé « Yeokhak Isipsadohae » (역학이십사도해). Dans cet ouvrage, Kim Seokmun (김석문의) explique que sa théorie de la rotation de la Terre puise ses racines dans les cosmologies de Ju Don-yi (주돈이) et Jang Hoeng-geo (장횡거) et Niccolò Fontana Tartaglia. Selon Kim Seokmun, la Terre est située au centre, entourée du ciel polaire fixe appelé « Taehw ». Entre cet espace céleste appelé « Taeheo » et la Terre tournant sur elle-même, il y a les astres en rotation, y compris les « Gyeongsungcheon » (période céleste), « Jinseong » (Saturne), « Seseong », « Hyeonghok », « Tae Baek », et « Wollyun », qui tournent autour de la Terre en effectuant 366 rotations.
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Sources
Camille Oliver/2016/Le musok féminin. Étude du système de pensée chamanique de Corée du Sud /Aix-Marseille Université/2023
- Dictionnaires et encyclopédies Britannica, Larousse et Universalis.
- Encyclopédie de la mythologie d’Arthur COTTERELL; (plusieurs éditions) Oxford 2000
- Encyclopedia of Ancient Deities de de Charles RUSSELL COULTER et Patricia Turner
- Dictionnaire des mythologies en 2 volumes d’Yves BONNEFOY, Flammarion, Paris, 1999.
- L’encyclopédie de la mythologie : Dieux, héros et croyances du monde entier de Neil PHILIP, Editions Rouge et Or, 2010
- Mythes et légendes du monde entier; Editions de Lodi, Collectif 2006.
- Mythes et mythologie de Félix GUIRAND et Joël SCHMIDT, Larousse, 1996.
- Dictionnaire des symboles de Jean CHEVALIER et Alain GHEERBRANT, 1997
- Dictionnaire de la fable de François NOEL
- Dictionnaire critique de mythologie de Jean-Loïc LE QUELLEC et Bernard SERGENT
- naver blog
- Culture héritage administrations
- Sinhak et science – Origines des sciences occidentales et érudits de la dynastie Joseon (Sin-gak, l’ouverture de la Renaissance de Joseon, Jeong Sung-hee)
étudiant en design graphique et design industriel, passionné par la Corée sur toutes ses formes. et nous vous faisons découvrir ce pays merveilleux et sa culture chaque semaine.