Sommaire
En 1988, les Jeux olympiques d’été se déroulaient pour la première fois à Séoul. Ils permirent au pays et à sa capitale de se faire connaître au niveau international. En d’autres termes, on peut dire que ces Jeux furent un réel tremplin quant à l’ouverture coréenne sur le monde. Ils leur permirent un premier accès à la scène mondiale.
Nous le savons, le sport est un baromètre de l’état des relations entre les pays. Cela fut particulièrement vrai durant la période de la guerre froide puisque le sport était devenu une arme de propagande idéologique, un enjeu de la politique internationale entre les blocs de l’Est et de l’Ouest. L’organisation des Jeux à l’époque permettaient aussi de rétablir une relation de confiance entre les deux blocs qui se rencontraient sur un terrain plus neutre. Pour la Corée du Sud, l’organisation de ces Jeux permettait de montrer au monde une nouvelle image du pays, entachée par la colonisation japonaise (1910-1945), par la guerre de Corée (1950-1953), et par des relations tendues avec son voisin du nord. Ces Jeux furent aussi l’occasion pour le pays de résoudre des problèmes internes liés à l’emploi, au régime politique et à l’urbanisme du pays.
Alors, je souhaitais que nous revenions un peu sur l’histoire des Jeux olympiques de Séoul. Revenons sur son organisation, ses moments forts. Revenons aussi mais surtout sur l’impact des Jeux sur la politique interne et externe du pays dans une période transitoire et d’ouverture sur le monde.
Présentation des Jeux olympiques de Séoul
Les Jeux olympiques de Séoul (서울) se déroulèrent du 17 septembre au 2 octobre 1988 dans la capitale de la Corée du Sud. Malgré le boycott de plusieurs pays tels que la Corée du Nord, Cuba, l’Ethiopie et le Nicaragua… à l’époque, ces Jeux établissent un record de participation[1] avec la présence de 159 pays. Parmi eux, 8 391 athlètes, 27 221 volontaires et 11 331 médias (4 978 presse écrite, 6 353 diffuseurs) participeront ou assisteront à 237 épreuves. Enfin, 52 pays repartiront avec des médailles dont 31 avec des médailles d’or. De plus, en organisant avec brio les Jeux olympiques de 1988, la Corée du sud a démontré que les pays du « tiers-monde » (comme on les appelaient à l’époque) étaient eux aussi capables d’accueillir cette manifestation sportive mondiale.
La cérémonie d’ouverture le 17 septembre 1988
La flamme olympique arriva à Séoul le 16 septembre 1988. Le lendemain pour la cérémonie d’ouverture, elle fut porté par Sohn Kee-Chung (황영조, 1912-2002) alors âgé de 76 ans. Cette entrée dans le stade fut émouvante puisque Sohn Kee-Chung fut le premier médaillé olympique coréen de l’histoire. Il avait remporté le marathon en 1936 lors des Jeux olympiques d’été à Berlin. A l’époque, il concourra sous l’emblème japonais et avec un nom japonais (Son Kitei ; 孫基禎) puisque la Corée était sous l’occupation japonaise (1910-1945).
Identité visuelle des Jeux
Comme tous les évènements sportifs olympiques, les Jeux d’été de Séoul possèdent une identité visuelle propre. Du logo en passant par la mascotte et même aux médailles olympiques, revenons quelques instants sur ces signes visuels des Jeux de 1988.
L’emblème des Jeux olympiques de Séoul
L’emblème des Jeux olympiques de Séoul comprend un motif que l’on appelle samtaeguk (삼태극). C’est est un motif traditionnel coréen d’origine cosmologique chinoise. Originellement, le samtaeguk provient du taegeuk (태극 ; 太極) que l’on retrouve sur le drapeau coréen depuis 1880. On retrouve souvent ce motif sur les éventails, sur les portes des maisons traditionnelles, sur les objets d’art et l’artisanat populaire… Il y a deux significations derrière la forme que prend le samtaeguk dans ce logo officiel. Le mouvement centripète représente le rassemblement et l’harmonie de tous les peuples du monde en Corée. Le mouvement centrifuge du motif représente une marche vers l’avant à la recherche du bonheur et de la prospérité durable.
La mascotte des Jeux olympiques de Séoul
Ensuite, la mascotte. Afin de la choisir, le Comité International Olympique (CIO) lança un concours auquel 4 344 personnes firent des propositions. Quatre candidatures sortirent du lot (un lapin, un écureuil, un couple de canards et un tigre). Finalement, c’est le tigre créé par un certain Kim Hyun (김휸) qui sera choisi. Ce dernier avait par ailleurs conçu l’emblème des Jeux Asiatiques de 1986.
La mascotte portera le nom de Hodori (호도리). La syllabe « Ho » provient du terme coréen signifiant « tigre ». Le « Dori » est un diminutif masculin que l’on utilise communément dans la langue coréenne. C’est en fait un animal traditionnel du continent asiatique. Il est présent dans de nombreuses légendes coréennes. Pour les Jeux, les créateurs ont voulu lui donner une apparence amicale. Par ailleurs, le nom Hodori fut choisi parmi les 2 295 candidatures proposées par le grand public.
L’affiche officielle des Jeux olympiques de Séoul
L’affiche officielle des Jeux olympiques de Séoul représente un idéal d’harmonie et de progrès. Dans l’affiche, on retrouve les cinq anneaux olympiques. Ils sont représentés sous une forme lumineuse. Elle est censée symboliser l’idéal olympique d’un monde en paix. Ensuite, l’image du coureur en premier plan portant la torche olympique symbolise le progrès souhaité de l’humanité vers le bonheur et la prospérité. C’est un message fort dans le contexte du XXe siècle qui fut sujet à de nombreuses guerres politiques et civiles. C’est un message d’autant plus impactant puisque les Jeux se déroulaient dans un pays qui fut le théâtre d’affrontements sanglants moins de 40 ans auparavant.
Ces affiches officielles furent réalisées grâce à des techniques graphiques et informatiques. On retrouve des couleurs coréennes traditionnelles telles que le bleu clair et le orange vif. En plus de l’affiche officielle, le Comité International Olympique avait décidé de produire 27 autres affiches sur les différents sports pratiqués durant les Jeux.
Les évènements marquants des Jeux olympiques
Les Jeux de Séoul se sont démarqués sur plusieurs aspects. Tout d’abord, par un taux de participation record en comparaison avec les Jeux précédents qui étaient souvent boycottés dans le contexte de la guerre froide. Ensuite, ils se déroulaient dans un pays où 35 ans auparavant, les blocs de l’Est et de l’Ouest s’étaient affrontés au sein d’une guerre effroyable. Enfin, durant ces Jeux, de nombreux évènements marquants eurent lieu au niveau sportif.
L’un des plus marquant et des plus médiatisés concerne le Canadien Ben Johnson. Il avait établi un nouveau record du monde en remportant le 100 mètres homme. Cependant, il fut testé positif aux stéroïdes quelques jours plus tard. Ainsi, il fut le premier athlète à la renommée mondiale à être disqualifié pour usage de drogues. Il sera disqualifié et Carl Lewis, arrivé second au moment de la course, reçu la médaille. Cela lui permit de conserver son titre olympique de 1984.
D’autres moments furent exclusifs à ces Jeux. Par exemple, pour la première fois, les trois médaillées du dressage équestre étaient des femmes. Ensuite, le tennis de table faisait ses débuts olympiques. Enfin, le tennis revenait au programme après 64 ans d’absence aux épreuves olympiques.
Au delà du sport : l’impact politique et économique des Jeux olympiques de Séoul
Les Jeux olympiques de Séoul en 1988 ne furent pas seulement des jeux sportifs, ils furent aussi le terrain d’enjeux économiques et politiques. A une époque où le Comité International Olympique s’impose comme une « organisation incontournable sur la scène mondiale », l’organisation des Jeux à Séoul fut l’occasion pour la Corée du Sud de montrer au monde entier les énormes progrès qu’elle a fait depuis la guerre de Corée. Ce fut aussi l’occasion pour le pays de se hisser au niveau de puissance mondiale au niveau économique et politique. Enfin, les Jeux furent le terrain neutre des pays des blocs de l’Est et de l’Ouest, dans un contexte de guerre froide tendue et pleine de dénonciation comme nous le démontre ces quelques lignes tirées de Le Nouvel Observateur :
«…Pour la première fois depuis la nuit des temps, les États-Unis, la Chine, l’URSS et le Japon vont s’affronter en Asie avec autre chose que des canons. […] Sur les 167 pays membres du Comité international olympique, six ont trouvé de bonnes raisons de boycotter Séoul. Six pays rassurants où l’on a vraiment envie d’aller passer des vacances, mais pas tout de suite : la Corée du Nord, Cuba, le Nicaragua, l’Éthiopie, les Seychelles et l’Albanie. […] Le monde entier est là pour la grande fête de l’histoire. Et les pavillons qui font cercle en claquant devant l’aéroport de Kimpo et sous la voûte du stade olympique emmêlent leurs croix, leurs bandes et leurs croissants pour célébrer leur fraternité des races et des langues. Le stade olympique, c’est l’arche de Noé des peuples du monde. »
– Le Nouvel Observateur (France), 16 au 22 septembre 1988, p. 46
Un tremplin pour la démocratie
A la veille des Jeux olympiques de Séoul en 1988, la Corée du Sud était en pleine transition démocratique. Pour comprendre cela, revenons rapidement sur le contexte politique de l’époque. Dans les années 1980, le pays était en proie à de nombreuses protestations étudiantes face au pouvoir en place. En fait, la Corée du Sud était sous un régime autoritaire. Dès le mois de mai 1980, des manifestations prodémocratie éclatèrent, soutenues majoritairement par les étudiants. Durant toute la décennie, la Corée du Sud sera le terrain de nombreuses manifestations sévèrement réprimées par un gouvernement militaire.
Le président Chun Doo-hwan (전두환, 1931-2021) au pouvoir à partir du 1er septembre 1980 craignait qu’un tel climat ne compromette le statut de Séoul en tant que ville hôte des Jeux olympiques. Afin d’étouffer l’agitation dans les rues, il ordonna notamment à la police anti-émeute l’utilisation du gaz lacrymogène. Cependant, les manifestations continuèrent.
En juin 1987, le pic était atteint. Face à des pressions internes et externes, le gouvernement sud-coréen décida finalement d’adopter une nouvelle constitution en octobre. En décembre 1987, les premières élections présidentielles démocratiques depuis 1948 furent organisées en 1987. Elles marquent le début de l’ère démocratique sud-coréenne et c’est Roh Tae-woo (노태우, 1932-2021) qui fut élu au pouvoir. D’une certaine manière, l’organisation des Jeux olympiques d’été participa à donner l’impulsion nécessaire pour que le pays adopte la démocratie.
Ce n’était d’ailleurs pas la première fois que le peuple sud-coréen se révoltait contre le gouvernement en place. En 1960 déjà, des groupes ouvriers et étudiants s’étaient réunis pour manifester contre le président Syngman Rhee (이승만) et la Première République.
…Et une force politique
Les Jeux olympiques de Séoul on également été une réelle force pour les politiques de l’époque, et notamment pour leur image dans la mémoire collective. Par exemple, le président Chun Doo-Hwan fut au pouvoir entre 1980 et 1988. Aujourd’hui encore, il est reconnu par les Coréens comme un président qui a redoré l’image du pays en accueillant avec succès les Jeux asiatiques de 1986 et les Jeux olympiques de 1988. Les Jeux asiatiques de 1986 ont également renforcé la popularité de Roh Tae-Woo, alors premier ministre des sports. Il sera ensuite élu président en 1988, l’année des Jeux olympiques.
Cela démontre tout particulièrement que les événements sportifs participent au façonnement de l’image des politiques de l’époque. Par exemple, à l’époque, les scandales politiques tels que l’histoire du Brother Welfare Center (nettoyer les rues de toute pauvreté, de toute précarité…) ou la répression brutale des manifestations étudiantes furent quelque peu oubliés suite au succès des Jeux olympiques d’été de Séoul.
L’impact insoupçonné sur les relations avec la Corée du Nord
L’un des impacts les plus insoupçonnés des Jeux olympiques de Séoul concerne les relations intercoréennes. En effet, l’annonce de l’organisation des Jeux 1988 à Séoul suscita la réaction de la Corée du Nord qui réclama le statut de co-hôte. Il fut alors envisagé d’organiser conjointement les épreuves entre Séoul et Pyongyang. Le président du Comité International Olympique décida d’organiser une série de réunions conjointes pour encourager un rapprochement des deux Corée et la participation de la Corée du Nord aux Jeux. Les négociations se sont finalement soldées par un échec, mais elles eurent un effet sur la diplomatie sportive. Par la suite, la Corée du Nord décida de rester à l’écart des Jeux et influencera d’autres pays à boycotter les jeux (Cuba, Madagascar, Nicaragua…). Le succès des Jeux de Séoul a eu un impact majeur de l’isolement international de la Corée du Nord à la fin des années 1980.
La Corée du Nord cherchait possiblement en ces Jeux un moyen de provoquer un boycott massif par les pays socialistes, voire une annulation ou délocalisation de l’évènement. Cependant, il semblerait que les dirigeants nord-coréens se soient aussi intéressés à l’idée d’organiser ces Jeux puisqu’ils étaient conscients de l’importance et du poids symbolique de cet événement sportif mondial. Par le biais des Jeux, ils auraient souhaité influencer l’opinion internationale sur leur puissance, leur modèle culturel et politique. C’est ce que la Corée du Sud réussira à faire puisqu’elle a utilisé les Jeux pour remporter une victoire de propagande dans la confrontation avec la Corée du Nord.
Une ouverture sur l’économie mondiale
Nous l’avons dit, les Jeux olympiques de Séoul ont permis à la Corée du Sud de s’ouvrir au monde et de diffuser une nouvelle image plus avantageuse. Mais au delà de cela, ils lui ont surtout permis de conclure de nombreux actes diplomatiques. Fait étonnant, un grand nombre de ces accords furent signés avec les pays de l’Est (nous rappelons que la Corée du Sud faisais plutôt parti des blocs de l’Ouest puisqu’elle était sous l’influence des Etats-Unis). En Corée, on appelle cela la Nordpolitik (북방 정책 ; 北方政策). Ce terme désigne la politique internationale de la Corée du Sud à l’époque. Elle visait à isoler diplomatiquement la Corée du Nord en se rapprochant de ses alliés (l’URSS, la République populaire de Chine…). C’est le président Roh Tae-woo qui initia cette politique.
Suite aux Jeux, les échanges commerciaux annuels de la Corée du Sud dépassèrent les 100 milliards de dollars américains pour la première fois en 1988. Ce chiffre propulsa la Corée du Sud à la dixième place des plus grand pays commerçant du monde.
…Et sur l’économie nationale
Les jeux ont également fortement profité à l’économie intérieure de la Corée du Sud. Il ne faut pas oublier qu’après la guerre de Corée et jusqu’au moment des Jeux, la Corée du Sud faisait parti des pays les plus pauvres du monde. Avec les Jeux, ce sont en tout 439,2 milliards de wons sud-coréens qui furent investis dans les infrastructures TI et communication[3]. Plus de 20 700 emplois furent créés.
De plus, entre 1982 et 1988, les projets en lien avec les Jeux ont généré près de 1,84 milliard de dollars américains en emplois. Cela correspond à 0,4 % du Produit National Brut (PNB) à l’époque. A l’occasion, la Corée du Sud s’est largement améliorée dans les domaines de la technologie numérique et électronique, se plaçant par la suite parmi les leaders mondiaux du secteur. Elle a pu maintenir cette place sur le long terme. Aujourd’hui encore, les entreprises technologiques sud-coréennes figurent parmi les plus performantes et les plus reconnues dans le monde.
Enfin, les Jeux Olympiques de 1988 ont permis de faire naître une culture du bénévolat en Corée du Sud. En 1988, près de la moitié des membres du personnel opérationnel déployé pour accueillir les Jeux étaient des volontaires. Cette culture perdure toujours aujourd’hui puisque 20 400 volontaires ont aidé les athlètes et les visiteurs pendant les Jeux olympiques d’hiver à Pyeongchang (평창군) en Corée du Sud en 2018.
L’héritage urbain
L’un des nombreux impacts des Jeux olympiques de Séoul concerne l’urbanisme dans la capitale. En effet, les Jeux ont favorisé d’importants projets de réhabilitation urbaine. On peut notamment citer la construction de nouveaux logements, de nouvelles liaisons de transport ainsi que la création de nouveaux réseaux numériques.
Le gouvernement entreprit la construction du parc olympique de Séoul (올림픽공원). On y retrouve plusieurs musées, des installations sportives (stade, piscine…) et une promenade le long de l’ancienne forteresse Mongchontoseong (서울 몽촌토성).
A l’entrée du parc, on retrouve la World Peace Gate (porte de la paix mondiale). Elle fut construite entre le 31 décembre 1986 et le 31 août 1988. C’est l’architecte Kim Jung-eop (김중업) qui la conçu afin de célébrer l’esprit de paix et d’harmonie des Jeux. Aussi, cette structure était un moyen de symboliser les capacités de construction coréenne. Sur le mur, un phénix, une tortue, un tigre et un dragon sont représentés. Ils symbolisent la force des Coréens et leur liberté. Enfin, sous la porte, on retrouve une flamme éternelle (comme sous l’Arc de triomphe à Paris par exemple). On retrouve aussi une déclaration de paix dans plusieurs langues, dont le français, appelant à l’harmonie et au bonheur dans le monde.
L’héritage sportif
Enfin, l’héritage des Jeux de 1988 est (bien sûr) sportif. En effet, l’évènement mondial à favorisé la mise en place d’un système sportif en Corée du Sud. En fait, suite aux Jeux, de nouveaux ministères furent formés, ainsi que de nouvelles fédérations. À la suite des Jeux, un excédent de 300 millions de dollars américains permettra la création de la Fondation coréenne pour la promotion du sport (KSPF). Depuis sa création, cette fondation a investi près de 8 milliards de dollars américains dans le développement des sports. Cet investissement a contribué au développement de la culture sportive coréenne. En effet, avant 1988, la Corée du Sud avait remporté 37 médailles au total lors des Jeux Olympiques d’été et d’hiver. Depuis 1988, le pays a décroché 277 médailles olympiques.
Le succès des Jeux olympiques de Séoul en 1988 a permis au pays de démontrer au monde qu’il constituait une destination de choix dans le domaine du sport. Cela lui a permis d’accueillir d’autres événements similaires tels que les Jeux asiatiques de 2002 à Busan, la Coupe du monde de football de 2002, les Jeux asiatiques de 2014 à Incheon, et enfin, les Jeux Olympiques d’hiver de 2018 à PyeongChang.
Conclusion
Globalement, les Jeux olympiques d’été de Séoul en 1988 furent un réel tremplin pour le pays. Ils permirent d’améliorer les conditions politiques et économiques du pays. Ils furent l’élan nécessaire pour réhabiliter la capitale, pour lancer les chaebols à l’étranger, pour le tourisme intérieur, pour les relations internationales… En bref, les Jeux de 1988 marquent le début de l’importante croissance du pays comme puissance mondiale telle que nous la connaissons aujourd’hui.
J’aimerais terminer cet article sur les mots écrits en français de la déclaration de la paix que nous retrouvons sous la World Peace Gate au parc olympique de Séoul. Ils sont particulièrement pertinents des enjeux politiques, économiques et diplomatiques de l’époque. Ils sont aussi pertinents sur la position et l’image que la Corée du Sud souhaite offrir au monde à l’époque ; celle d’un pays moderne et capable d’organiser des évènements mondiaux à une époque où cela semblait être à la portée de quelques pays seulement, perdant de sa dimension mondiale. Le discours constitue notamment un testament particulièrement poignant des atrocités survenues durant le siècle dernier et propose un discours aux valeurs olympiques de paix et d’unité. Ci-dessous, le discours :
« Du plus profond de leur être, les peuples de la terre, par delà les barrières d’idéologie, de race ou de religion partagent un idéal commun : vivre en paix loin des menaces de guerre ou de violence. Car c’est seulement par la paix entre les hommes et les nations que le désir universel de bonheur peut être accompli. L’expérience humaine que nous avons accumulée à travers le temps exige qu’à l’occasion des Jeux de la XXIVe Olympiade de Séoul, entre les 17 septembre et 2 octobre, 1988, nous lancions à nos frères et sœurs du monde un appel en faveur d’un moratoire sur toutes les formes de luttes, de violence et de terreur, rejetant les conflits et les haines, afin de faire de ce rassemblement de nos meilleurs athlètes un festival de paix.
Nous espérons et prions ardemment pour que les Jeux Olympiques de Séoul, les plus grands de l’histoire olympique avec une participation de 161 pays, soient le catalyseur d’une paix durable. Au nom de toutes les personnes éprises de paix, cet appel pour la paix est lancé individuellement par ceux qui soutiennent cet idéal, est adopté comme déclaration à l’Assemblée d’Olympeace de Séoul ce douze septembre Mil Neuf Cent Quatre Vingt-Huit. »
– La déclaration de la paix, texte français inscrit sous la flamme éternelle, 1988, Séoul.
Addenda
[1] Dans un contexte de guerre Froide, les Jeux olympiques de l’époque connaissaient des boycott importants. Les Jeux de Munich (1972), les Jeux de Montréal (1976), de Moscou (1980) et de Los Angeles (1984). Ils sont marqués par d’importants boycotts qui impactèrent le mouvement olympique.
[3] « La notion d’infrastructure TI englobe les composantes matérielles, les logiciels ainsi que les services nécessaires à l’existence, au fonctionnement et à la gestion de l’environnement informatique d’une entreprise. Afin de garantir un service de qualité exceptionnelle à ses utilisateurs, une infrastructure TI sécurisée et fiable est essentielle. Elle soutient la réalisation de la stratégie d’affaires en permettant de réduire les coûts d’exploitation de l’entreprise, d’assurer le traitement continu des flux d’information et de gérer le personnel de façon optimale. » (GESTION HEC MONTREAL, 2021).
Bibliographie
- Auteur(e) inconnu(e), « Ouverture des Jeux olympiques d’été de Séoul », in Perspective Monde
- Auteur(e) inconnu(e), « Assermentation du président Roh Tae-woo en Corée du Sud », in Perspective Monde
- BALHORN, Max, « How South Korea’s Pro-Democracy Movement Fought to Ban « Murderous Tear Gas» », in Jacobin
- BOUKERZAZA, Hosni, « Nicolas CHAMEROIS : La mondialisation des Jeux olympiques : de Séoul (1988) à Sydney (2000) », Le sport : Phenomène et pratiques, in Insaniyat, n°34, 2006, 4 p.
- CHO, Ji-Hyun, « The Seoul Olympic Games and Korean society : causes, context and consequences », Thèse, Loughborough University, septembre 2009, 309 p.
- Hyun, Jeong-Im, « Mouvements étudiants en Corée du Sud »,
- KOH, Eunha, « South Korea and the Asian Games : The First Step to the World », in Sport in Society, Vol. 8, No. 3, Septembre 2005, p. 468–478
- MOON, Hyoung-Joo, Les jeux olympiques et la détente internationale : études comparées des jeux olympiques de 1948 (Londres), 1972 (Munich) et 1988 (Séoul), 1992
- MOUSSET Kilian, VIOLETTE, Louis, EPRON, Aurélie, « The failure to co-host the Seoul 1988 Summer Olympics : a diplomacy « of small steps » influenced by international opinion (1985–88) », in International Journal of Sport Policy and Politics, 2023, p. 387-399
- RADCHENKO, Sergey, « It’s Not Enough to Win: the Seoul Olympics and the Roots of North Korea’s Isolation », in The International Journal of the History of Sport, Vol. 29, N°9, juin 2012, p. 1243-1262
Webographie
- « L’héritage de Séoul 1988, source d’inspiration pour Pyeongchang 2018 », in olympics.com, 30 janvier 2018
- « Les jeux olympiques de Séoul de 1988 », in Mondo
- « Olympic Games Seoul 1988 », in olympics.com
- « Quels sont les plus gros scandales des Jeux Olympiques ? Séoul 1988 », Tous les sports, in FranceBleue, 27 juin 2023
Filmographie
- « Seoul 1988 – Cérémonie d’Ouverture », Olympic Channel, 3h19min18
Illustrations
- image liminaire : Les athlètes se tiennent près de la torche. Cérémonie de la XXIVe Olympiade d’été à Séoul, 17 septembre 1988. Source : Ken Hackman, U.S. Air Force
- ill.1 Sohn Kee-Chung, premier médaillé coréen de l’histoire. Entrée dans le stade avec la flamme olympique. Cérémonie d’ouverture. 17 septembre 1988. Source : KoreanAmericanStory.org
- ill.2 emblème des Jeux olympiques de Séoul, 1988. Source : Page officielle olympics.com
- ill.3 Représentation officielle de la mascotte « Hodori » des Jeux olympiques de Séoul en 1988. Source : Page officielle olympics.com
- ill.4 Affiche officielle des Jeux olympiques de Séoul, 1988. Source : Page officielle olympics.com
- ill.5 Ben Johnson franchit la ligne d’arrivée en première position dans le 100 mètres masculin. Carl Lewis suit en deuxième position. Source : THE MAINICHI NEWSPAPERS
- ill.6 Manifestations étudiantes sud-coréennes : la police tire des gaz lacrymogènes,1987. Source : D.R Imgur
- ill.7 Portrait de Chun Doo-hwan
- ill.8 La World Peace Gate, entrée principale du parc olympique. 10 Juin 2023 © Juliette Lefebvre
- ill.9 Parc olympique de Séoul, vu depuis le Lotte World, 30 juillet 2019. Source : Tristan Surtel
- ill.10 Cérémonie de clôture. Jeux olympiques de Séoul, 2 octobre 1988. Source : Steve McGill
Diplômée d'une bi-licence d'Histoire-anglais depuis 2022. Étudiante en Master d'Histoire, Civilisations et Patrimoine, parcours mondes à l'Université Paris-Cité. Fascinée par le Soft-Power sud-coréen et l'histoire de Corée. Collaboratrice avec Planète Corée depuis 2024.