Sommaire
Les fleurs sont un pont qui lie la nature avec la culture. Leur symbolique change selon la culture et les époques ainsi que la forme sous laquelle elles accompagnent l’humanité. Que ce soit une fleur naturelle ou artificielle, les deux types peuvent être impressionnants et jouer un rôle important dans des pratiques culturelles variées.
Jihwa
Le jihwa (지화 ; hanja : 紙花 ; littéralement « fleurs (en) papier ») est l’art du pliage du papier en forme de fleur, l’un des arts traditionnels coréens. Les origines de l’art du papier en soi remontent jusqu’aux premiers siècles de notre ère mais l’histoire du jihwa apparut plus tard. Les fleurs sont fabriquées en hanji (한지 ; 韓紙 ; littéralement « papier coréen »), papier traditionnel coréen, éventuellement en tissu. Elles ont deux fonctions basiques :
- rituelle : lors des rituels chamaniques (굿 gut) ou bouddhistes comme des offrandes ou des objets habités par les divinités ou des esprits. Après les rituels, elles doivent être brûlees pour que la déité ou l’esprit qui était dedans ne reste pas entre les gens.
- décorative : lors des banquets ou d’autres événements traditionnels.
Le jihwa a été reconnu sous le nom de jihwajang (지화장 ; 紙花匠) comme le trésor national en tant que patrimoine culturel immatériel en Corée du Sud.
Types
Dans le jihwa, on distingue plusieurs types de fleurs. On y trouve également des compositions différentes : classiques splendides et minimalistes qui correspondent plus avec l’esthétique contemporaine.
Seorihwa, fleur de neige
La seorihwa (서리화 ; 雪裏花), parfois appelée aussi nunseolhuwa (눈설화), est une fleur de neige. Elle est présentée sous une forme des tiges fines qui ressemblent à des petites brindilles d’arbre couvertes de givre. Elle est « enracinée » dans un pot avec du riz. Elle a une fonction de purification spirituelle.
Darihwa
La darihwa (다리화 ; hanja : ?) est une fleur utilisée surtout dans les rituels de Séoul. C’est une offrande particulièrement attirante aux dieux grâce à ses fortes couleurs variées et à la forme sophistiquée de ses pétales (à noter que les divinités coréennes réagissent aux couleurs et aux sons). Elle chasse les mauvais esprits et invite ceux qui peuvent apporter de la bonne chance.
Busalhwa ou dahwa
Busalhwa (부살화 ; hanja : ?) ou dahwa (다화 ; hanja : ?) est une fleur légendaire et magique, attribuée à la princesse Bari (dans l’une des versions du mythe). Elle est utilisée dans les rituels funéraires dédiés à une chamane morte. Cette fleur symbolise aussi l’anatomie humaine. Au niveau technique, elle est l’une des fleurs les plus difficiles à fabriquer.
Supallyeon
La supallyeon (수팔련 ; 水波蓮) est une grande composition des fleurs différentes, caractéristique pour les rituels de Séoul et Hwanghae (황해). D’habitude, les fleurs sont « enracinées » dans la vaisselle avec des haricots rouges, mise à l’autel. Sa taille dépend du rituel. Elle est présente dans le rituel dédié à ceux qui partent pour guider les âmes vers l’au-delà. Elle peut aussi fonctionner comme une décoration.
Maître Seokyong
Le Maître Seokyong (석용스님 Seokyeong seunim, né 1966) est un moine bouddhiste sud-coréen qui pratique le jihwa depuis 1982. Ses œuvres sont exposées en Corée du Sud et aux États-Unis.
Il paraît que pour le Maître Seokyong, l’art des fleurs en papier permet de développer l’esprit, les capacités manuelles et satisfaire les besoins esthétiques sans avoir à couper des fleurs vivantes ce qui signifie leur mort. Il admet que c’est le travail qui prend beaucoup de temps mais qui apporte aussi une grande joie.
Illustrations
- Image liminaire
- ill. 1. Un exemple du style minimaliste
- ill. 2. Un exemple d’une seorihwa
- ill. 3. Un exemple d’un supallyeon
- ill. 4. Le maître Seokyong devant les compositions de jihwa
Née en 1993, Polonaise. Diplômée d'une licence en cultures d'Extrême-Orient (Université Jagellon de Cracovie - Pologne, 2012-2015) et d'un master en Arts Libéraux (Université de Varsovie - Pologne, 2016-2018). Étudiante en master à la Faculté des Études Asiatiques à l'Université Jagellon de Cracovie depuis 2021. Fascinée par la civilisation confucéenne et par les interactions interculturelles. Collaboratrice avec Planète Corée depuis 2018.