On parle souvent de « la Corée du Sud entre tradition et modernité ». L’un des exemples est la version coréenne du kawaii.*
Nous sommes tous attirés par le kawaii sud-coréen. Tout le monde adore les représentations de la firme Kakao Friends si mignonnes, si attractives ou les petits personnages représentatifs de la gendarmerie coréenne. Toutes ces petites créatures mignonnes et attachantes nous donnent un sentiment de nouveau, de neuf sur la Corée contemporaine. Dans cet article, nous allons explorer ensemble les mélanges astucieux entre la tradition et la modernité, faits dans les adaptations modernes de la culture traditionnelle. Nous allons voir également comment la musique moderne utilise du pansori (판소리), l’art du récit chanté, pour donner à la nouvelle musique un sentiment puissant de modernité.
Dans la musique
De plus en plus de genres musicaux modernes, comme la K-pop ou encore le rap coréen, s’inspirent du pansori (판소리). En mélangeant la K-pop et le chant traditionnel coréen, ils obtiennent des résultats sonores intéressants qu’on pourrait comparer avec un caractère d’une avant-garde artistique. C’est là que l’expression « faire du neuf avec de l’ancien » prend du sens.
Les origines de la K-pop remontent les années 1990. Les créateurs coréens, venant de domaines différents, ont d’avantage cherché à américaniser leurs styles et changer l’image qui pouvait véhiculer la Corée dans certains pays du monde. Mais aujourd’hui, la Corée du Sud sait s’approprier certains éléments traditionnels, et ensuite les adapter, parfois les rajeunir et les rendre kawaii, c’est-à-dire les rendre plus « sexy » pour tout le monde, même pour les étrangers. Ils allient tradition et modernité à la perfection. C’est ce qui leur permet de garder leurs valeurs, mais également d’être parmi les pays les plus riches du monde avec les plus gros conglomérats de la planète. La Corée du Sud vit entre la tradition et la modernité ou plutôt dans une fusion de ces deux espaces.
Dans le K-rap et la K-pop
Si on prend la pièce Bum (범) par les rappeurs coréens du groupe Ravi (라비), on retrouve en fond de leur clip de jeunes femmes vêtues de hanbok, la tenue traditionnelle coréenne, qui semblent chanter du pansori (판소리) réarrangé. Le décor est très moderne : blanc, parsemé d’éclats lumineux de couleurs variées.
Mais on peut voir que les réalisateurs du clip ont quand même pris quelque liberté sur certains éléments traditionnels. Par exemple, on voit que les chanteuses de pansori (판소리) sont munies de microphone. Cet accessoire n’est pas utilisé dans cette tradition vocale coréenne. Même aujourd’hui, il reste très rare d’assister à une performance de pansori avec un microphone car le pansori (판소리) est initialement conçu pour se passer de système d’amplification. Cependant, dans le clip, cet accessoire est utilisé dans un but de donner une image plus proche du public, notamment européen ou américain. Ce genre d’adaptations des éléments traditionnels sont retrouvées également dans les tenues portées par les danseurs.
Hanbok
Dans le clip de Ravi et dans beaucoup d’autres, et même dans la mode sud-coréenne contemporaine, la mythique tenue du Pays du Matin Clair a été quelque peu modifiée, adaptée et modernisée.
Plusieurs créateurs se sont inspirés du hanbok pour bon nombre de leurs créations, par exemple Leesle. Cette jeune créatrice sud-coréenne s’attache à garder les traits principaux si particuliers de cette tenue. Le hanbok moderne s’affine par rapport à la tenue d’origine.
L’évolution de la tenue traditionnelle coréenne a toujours été basée sur l’affinement des formes. Beaucoup de tenues disponibles aujourd’hui en Corée du Sud sont déjà une évolution de la tenue originale. Certaines personnes s’attellent à faire connaître ce beau type de vêtement et ses adaptations, et le diffuser notamment en France, comme deux boutiques parisiens, Votre Hanbok et plus connue Besides Kimchi. Ces derniers proposent de vraies petites pépites dans ce domaine. Chaque créateur, dont les créations ils proposent, est Coréen.
Dans la culture visuelle
Dans la culture visuelle, on trouve des représentations « kawaiisées » des personnages mythiques ou créatures surnaturelles des croyances folkloriques coréennes. Par exemple, Tangun (조선) en tant que « sage mignon ». Il est accompagné par le tigre et l’ourse dans le même style, ou encore Haechi (해치) qui est une mascotte de la ville de Séoul.
On peut retrouver le gumiho (구미호), venant des croyances folkloriques coréennes, dans le fabuleux drama My Girlfriend Is a Gumiho (내 여자친구는 구미호, 2010). Mais on peut le retrouver aussi dans le très célèbre jeu League of Legends comme personnage du jeu qui s’appelle Ahri. Ces touches de traditions, incluses dans les élèments modernes contemporains, est une très grande force créative pour la Corée du Sud. Ça lui permet entre autre de pas oublier ses traditions, mais également d’offrir dans ses créations d’art et de design, des créations uniques et très singulières – des créations uniques en leur genre.
Addenda
- Le terme japonais kawaii (en japonais : 可愛い) est utilisé pour parler de soit-disant la culture des choses mignonnes. Bien que ce style ait ses origines au Japon, il est une fusion des éléments japonais et occidentaux qu’on retrouve dans la plupart des pays. Sa présence dans l’article concernant la Corée n’implique pas la problématique des relations nippo-coréennes historiques ou contemporaines.
étudiant en design graphique et design industriel, passionné par la Corée sur toutes ses formes. et nous vous faisons découvrir ce pays merveilleux et sa culture chaque semaine.