Sommaire
Le miracle économique coréen va être présenté dans une série de 3 articles, celui-ci en est le premier (1/3). Chaque aspect évoqué dans cet article donnera suite à un ou deux autres articles par notion, pour un développement plus approfondi. Retrouvez ici la partie 2 de cette article.
Souvenez-vous des années 1960…
C’est dans les années 60 que la Corée du Sud était un des pays les plus pauvres de la planète. Depuis elle a su se développer au plan de l’industrie, de la technologie, mais également de la cosmétique, ainsi que dans les domaines maritime, militaire et immobilier, sans oublier l’univers des divertissements culturels avec les dramas coréens et la K-pop qui sont ultra-populaires dans le monde. Tout cela constitue le miracle économique sud-coréen. Ce dernier a redressé économiquement la Corée en moins de 10 ans, c’est le seul pays qui a réussi une croissance aussi rapide.
Le miracle économique coréen
La Corée du Sud est restée longtemps dans l’ombre de ses voisins prestigieux, le Japon et la Chine. Il y a à peine 60 ans, la Corée était l’un des pays les plus pauvres de la planète. Aujourd’hui il pointe au 11ème rang mondial des pays les plus riches. Il siège désormais au G20, mais est également le 7ème partenaire commercial de l’UE.
En 1955, le PIB de la Corée du Sud était de 64 dollars par personne. Les habitants étaient encore moins riches que leurs cousins du Nord. La Corée du Nord a pu bénéficier du soutien et des moyens du bloc communiste et de l’URSS. Donc de très gros moyens. Les Sud-Coréens étaient tellement pauvres qu’ils devaient vendre leurs cheveux. Ils sont devenus quelque temps fabricants de perruques, pour pouvoir survivre.
Le pays du matin calme
n’a jamais aussi mal porté son nom
La Corée du Sud est le pays le plus connecté au monde, que ce soit dans la rue ou dans le métro. Vous y aurez toujours du réseau ! Mais aussi et surtout, depuis le 3 avril au soir, c’est le premier pays au monde à commercialiser la 5G, l’internet mobile ultra-rapide. Cela va renforcer le pays dans sa position de pionnier de la technologie. C’est désormais SAMSUNG que l’opérateur Orange a choisi pour installer son réseau 5G en France, voilà encore une victoire coréenne ! Samsung est le N°1 mondial des technologies, à lui seul le groupe génère plus de bénéfices que Apple, Google, et Microsoft réunis.
Samsung
La marque a les moyens de ses ambitions et fait la fierté de toute une nation. Avec SAMSUNG , demain sera coréen. Samsung pèse à hauteur de 20% dans l’économie sud-coréenne. Les résultats du premier fabricant mondial de produits high-tech sont estimés à 17% du PIB sud-coréen. Avec un chiffre d’affaires de 161 milliards d’euros en 2016. Et ce, malgré l’arrêt de la production du Note 7 au deuxième semestre. Aujourd’hui encore, le groupe reste un acteur majeur de la Corée du Sud. Samsung Electronics compte plus de 300.000 employés dans le monde, dont un tiers dans son pays natal. Sans compter un vaste réseau de PME.
Dès l’enfance, les Coréens savent que Samsung est la meilleure entreprise du pays. Beaucoup de Coréens rêvent d’y entrer. Pourquoi ? Parce que SAMSUNG est parti de rien, dans le tout petit pays coréen, pour devenir la première entreprise high-tech du monde. Il constitue de ce fait une formidable vitrine pour le miracle économique coréen. SAMSUNG n’est pas seulement un fabricant high-tech, il est le plus grand conglomérat du monde et possède plusieurs cordes à son arc. La société est également présente dans le secteur du nucléaire, des chantiers navals, des parcs de loisirs, de l’armement, des assurances et de la grande distribution, sans oublier le BTP avec notamment la construction du gratte-ciel Burj Khalifa. La plus haute tour du monde à Dubaï, le Burj Khalifa, est une tour made in Korea, qui fut construite par le groupe Samsung et une poignée d’ingénieurs français.
Que du positif ?
Mais le miracle économique coréen n’est pas dépourvu de travers. Depuis maintenant plusieurs années Lee Jae-yong 이재용, vice-président du plus gros conglomérat du monde, a quelques démêlés avec la justice coréenne. En effet douze ans de prison ont été requis à son encontre et il a finalement écopé de “ la peine minimale légale” au regard de la nature des faits, rapporte le Korea Joongang Daily. Il a été reconnu coupable de cinq chefs d’accusation : parjure, détournement de fonds, transfert illégal d’actifs à l’étranger, recel de profits criminels et, surtout, corruption, précise le quotidien sud-coréen. Il a été condamné à 5 ans de prison lors du scandale ayant entraîné la destitution et l’arrestation de l’ex-présidente sud-coréenne Park Geun-Hye 박근혜. Et même si la durée de sa peine a finalement été réduite en appel à deux ans et demi de prison, il va être rejugé.
« L’essence de cette affaire est constituée par l’alliance corrompue entre le gouvernement et les grandes entreprises », a déclaré Kim Jin-dong 김진동, président du comité des trois juges. « La déception de la population semblait irréversible car l’alliance corrompue entre le président et le conglomérat existait non seulement dans le passé mais dans notre réalité actuelle. »
C’est suite à cette révélation que le peuple sud-coréen s’est révolté, et a exigé la démission de l’ex-présidente Park Geun-hye 박근혜 qui a été condamnée le vendredi 6 avril 2018 à 24 années de prison ferme. Plus d’un million de personnes s’étaient mobilisées courant novembre 2016 et avaient défilé, pacifiquement, pour faire entendre leur mécontentement.
N’oublions pas non plus le scandale des employés victimes de maladies professionnelles mortelles dans des usines de Samsung Electronics : les ouvriers travaillant dans les chaînes de production de semi-conducteurs étaient exposés à des produits hautement toxiques, sans être protégés ni informés de leur dangerosité : depuis 2007, 240 personnes ont contracté des cancers et près de 80 en sont mortes. Il aura fallu une bataille juridique de dix années pour que les familles des premières victimes obtiennent gain de cause.
Tout au « made in Korea »
La Corée est un pays riche et développé qui n’utilise que rarement les services technologiques et ventes de services américains ou étrangers, car elle possède déjà un équivalent coréen qui fonctionne mieux.
- A la place de Google, les Coréens utilisent Naver, ou DAUM.
- Au lieu de GOOGLE MAPS, ils se servent de KAKAO MAP ou de NAVER MAP.
- A la place de WhatsApp les Coréens ont KAKAO TALK.
- Pour remplacer Instagram, ils utilisent KAKAO STORY, même si Instagram a une part de marché croissante en Corée du Sud.
- Au lieu d’utiliser Facebook, lancé le 4 février 2004, les Coréens emploient Cyworld, lancé en septembre 1999.
- Pour remplacer UBER, entreprise interdite en Corée du Sud, les coréens utilisent KAKAO T.
- A la place de GOOGLE traduction les Coréens ont Naver dictionaire.
Certaines de ces réussites nationales sont appuyées par le gouvernement, qui préfère soutenir des entreprises 100% coréennes afin de ne pas dépendre d’autres pays pour ces services. Le miracle économique coréen réside aussi dans ce phénomène.
La puissance cachée
Pour beaucoup, « Gangnam style » de PSY est seulement la partie visible de l’iceberg. Le succès de sa chanson lancée en 2012 montre que la culture coréenne a gagné en visibilité dans le monde. La Corée du Sud est devenue en moins d’une quinzaine d’années une puissance culturelle qui rivalise avec le Japon. Les produits de la culture populaire se consomment désormais jusqu’en Europe. De nombreux jeunes s’enthousiasment pour les séries télévisées – les dramas — et la musique pop coréennes. Les cinq groupes les plus en vue ont été accueillis au Zénith de Paris en juin 2011 puis au Palais Omnisports de Paris-Bercy en février 2012. Plus récemment, les BTS ont été invités au stade de France les 7 et 8 juin 2018.
Qui ne connaît pas ou n’a jamais entendu parler de la K-beauty ? Ou encore de la K-pop qui s’est illustrée tout récemment avec les nouveaux records d’audience des Blackpink et des BTS ? Ces deux phénomènes s’exportent merveilleusement bien de Corée et arrivent quelquefois à susciter certaines pratiques dans d’autres pays.
S’illuminer au passage de la hallyu
Dans le domaine des cosmétiques, les Coréens sont devenus maîtres en la matière et la K-beauty devient l’arbitre des élégances. Les empires occidentaux du soin prennent ces nouveaux arrivants très au sérieux. Il leur arrive même de copier certains de leurs produits. La BB crème très utilisée dans le layering, une technique ancestrale coréenne pour prendre soin de sa peau.
Les Coréennes ont en effet quelques siècles d’expérience à faire valoir, côté beauté, de par les techniques traditionnelles de soins de la peau, mais aussi par celles qu’elles ont expérimentées en passant des heures devant leur miroir chaque matin à établir la meilleure « routine » propre à leur donner la peau la plus douce et la plus claire, la plus parfaite, leurs moindres manies faisant l’objet de milliers de pages d’études marketing… Celles-ci ont déterminé que du matin au soir, les Coréennes accomplissent en moyenne onze « gestes » de beauté. Elles ne se contentent pas non plus de faire appel aux lotions étrangères. Ce sont des firmes locales qui font le bonheur des Coréennes, et des Coréens, car eux aussi en utilisent beaucoup. Les hommes coréens en sont même les plus grands consommateurs mondiaux.
Celles-ci ont déterminé que du matin au soir, les Coréennes accomplissent en moyenne onze « gestes » de beauté. Elles ne se contentent pas non plus de faire appel aux lotions étrangères. Ce sont des firmes locales qui font le bonheur des Coréennes, et des Coréens, car eux aussi en utilisent beaucoup. Les hommes coréens en sont même les plus grands consommateurs mondiaux.
Jeon Kyung-wook, dans son ouvrage Traditional performing arts of Korea définit ainsi la Vague coréenne : « Depuis la fin des années 1990, l’Asie a expérimenté la « Vague coréenne » (Hallyu). L’essor de la popularité des séries de la TV coréenne, des films, de la musique populaire dans d’autres pays dans l’Asie de l’Est et du sud-Ouest. Les « dramas » de TV, films, pop music et break dance étaient des formes étrangères à la Corée, mais elles ont été recréées avec des traits coréens uniques et ces formes coréennes ont été transmises aux autres pays asiatiques »
La Corée dans le camp des pays développés
La Corée est membre du G20, et pourtant, sa croissance est encore celle d’un pays émergent. Même si elle a un peu ralenti, la machine continue à progresser à un rythme de 3.5 % par an.
Aujourd’hui, la Corée du Sud a changé de position dans les classements internationaux. La Corée du sud fait désormais partie des pays développés et n’est plus considéré comme un pays en voie de développement ou émergent. L’ONU, par le biais de la CNUCED, a modifié le classement de la Corée du Sud le 2 juillet 2021 dans les classements internationaux.
Les secrets de l’innovation coréenne
« La Corée du Sud : richesse d’un pays développé, dynamisme d’un pays émergent », tel est le titre d’un rapport du Sénat français, datant du 21 février 2012, présenté au nom de la « Commission de l’économie, du développement durable et de l’aménagement du territoire ».
Les Coréens ont su s’emparer des places à prendre dans les industries lourdes, puis dans les technologies de l’information, sous la houlette de grands groupes dynamiques, les chaebols. A partir de rien, Posco a bâti une des plus grandes sidérurgies du monde. On ne présente plus Samsung bien sûr. Lotte, qui fabriquait des bonbons, est devenu un géant de l’hôtellerie et du divertissement. Il possède d’ailleurs à Séoul la Lotte Super Tower 123, un gratte-ciel de 123 étages situé près du complexe actuel Lotte World ouvert en 1989. D’une hauteur de 555 mètres, la tour était lors de son ouverture en 2017 le cinquième plus haut gratte-ciel du monde.
« Il s’appuie sur les efforts, pour ne pas dire le dévouement, d’une population qui donne au travail et à l’éducation une place qui ne connaît guère d’équivalent dans les pays développés », insiste un rapport du Sénat. En 1993, le patron de Samsung s’énerve en constatant plusieurs défauts sur des produits Samsung. Et voyant qu’il ne parvient pas à rattraper ses pairs occidentaux et américains, il exige de ses employés : « Changez tout, sauf vos femmes et vos enfants », leur dit-il. Il n’hésite pas à tout changer et tout remettre en question, pour s’améliorer.
La Corée est le deuxième pays de l’OCDE pour ses dépenses de recherche, mais aussi dans le domaine de l’éducation nationale, par rapport au PIB. L’éducation, le savoir, et la recherche sont le pétrole Coréen, c’est ce qui a pu permettre le miracle économique sud-coréen.
Une longueur d’avance
Dès 1987, les élèves du primaire dans leurs uniformes impeccables étudiaient dans des salles de classe, avec un ordinateur installé sur chacune des tables. Et cela se révéla terriblement efficace ! Les élèves coréens survolent aujourd’hui haut la main tous les classements Pisa (Programme for International Student Assessment, soit Programme international pour le suivi des acquis des élèves). Quant à la grande force de travail coréenne, souvent moquée ou parodiée, n’en parlons pas. Le chômage est quasi nul en Corée (3.7%) et ce n’est que récemment que la semaine de travail maximale est passée de 68 à 52 heures ! Cependant les Coréens ont du mal à se défaire de leurs habitudes et à quitter plus tôt leur travail.
J’espère que cet article vous a plu. N’hésitez pas à laisser un commentaire. Retrouvez ici la partie 2 de cette article.
Sources
Ressources consultables en ligne :
Courrierinternational.com
Europe 1.fr
France 2 : « Un œil sur la planète : Corée la puissance cachée »
Korea joongang daily : article « Samsung heir gets minimum mandatory sentence for bribery »
ainsi que la rubrique « Business »
Les Echos.fr
Le Monde.fr
Sénat.fr
Wikipedia.org : articles « Lotte World », « Park Geun-hye », « Groupe Samsung »
Publication :
Minju Song et Anthony Dufour, Portraits de Séoul, Hikari Editions, 2016.
Jeon Kyung-wook, Traditional performing arts of Korea. Seoul : Korea foundation, 2008
étudiant en design graphique et design industriel, passionné par la Corée sur toutes ses formes. et nous vous faisons découvrir ce pays merveilleux et sa culture chaque semaine.
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Un grand bravo pour cet article-synthèse!
merci beaucoup. 😋